Dans son évangile, Saint Luc ne rapporte pas l’épisode du figuier desséché, présent chez les deux autres synoptiques (Mt 21, 19-20 ; Mc 11, 13… 21) dans le contexte de la purification du Temple et de la mort prochaine de Jésus. Au contraire, il est le seul à citer la parabole du figuier épargné une année de plus et dont le vigneron, par ses soins appliqués, espère encore du fruit à l’avenir. Ces différences peuvent nous interroger. Quand Matthieu et Marc présentent la colère de Jésus, Luc souligne sa patience. Ces deux visions seraient-elles contradictoires ?
Tout d’abord, reconnaissons que la colère de Dieu existe dans la Bible et pas seulement dans l’Ancien Testament. Et heureusement ! Comment, en effet, Dieu resterait-il indifférent au mal qui nous atteint et à celui que nous faisons en nous coupant de lui et de la vie en plénitude que lui seul peut nous offrir ? Cela dit, le prophète Osée entrevoyait déjà la longue patience de Dieu modérant sa très juste colère : « Mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère, je ne détruirai plus Israël, car moi,
je suis Dieu, et non pas homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint, et je ne viens pas pour exterminer. » (11, 8c-9) Oui, l’amour infini de Dieu se déploie en une patience pleine de bonté et de prévenance, qui espère notre conversion tant qu’ici-bas, elle est encore possible. Luc, qui n’ignore pas, qu’après la mort, ce salutaire retournement n’est plus possible (13, 1-5 ; 16, 19-31), racontera encore l’invincible miséricorde de Jésus envers le bon larron, sincère pénitent du dernier souffle.
Abbé Bruno Bettoli+