Vers l’effusion (3)
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Chers frères et sœurs,

Après avoir contemplé tout le plan d’amour du Père à travers l’histoire du salut (1re semaine) et l’œuvre rédemptrice du Fils dans sa chair (2e semaine), nous allons passer les deux dernières semaines davantage avec l’Esprit Saint. Comme les Apôtres au Cénacle réunis depuis l’Ascension autour de Marie pour attendre la force venue d’en-haut, l’Eglise vit traditionnellement une neuvaine pour se préparer à la grande fête de Pentecôte, la fête de son anniversaire de naissance en quelque sorte, afin de réactualiser le mystère de sa vocation et l’accueil de l’Esprit sans lequel elle ne serait qu’une œuvre humaine parmi toutes les autres. Du 31 mai au 8 juin, ayons à cœur de redire chaque jour en communion les uns avec les autres la prière « O Roi céleste Consolateur ».

Pour le moment, revenons au Cénacle où les Apôtres n’étaient pas encore douze, en prière, la veille de la Pentecôte mais seulement dix, enfermés dans leur peur, le soir de Pâques (Jn 20, 19-23). Judas avait quitté le groupe depuis trois jours et Thomas, peut-être moins peureux que les autres, n’était pas là non plus. Pierre et Jean, alertés par les femmes, avaient osé une sortie dans la journée pour constater que le tombeau était vide. Plus tard, Marie-Madeleine était revenue vers eux pour rapporter aux disciples les paroles de Jésus qu’elle avait vu vivant : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17). Pour la première fois, Jésus les appelait ses frères et déclarait partager avec eux la filiation qu’il vivait personnellement avec le Dieu d’Israël. Ce que la prière enseignée par Jésus annonçait – « Vous donc, priez ainsi : Notre Père… » – pouvait désormais se réaliser : par la résurrection du Christ innocent et crucifié et par la venue en eux de l’Esprit « qui est Seigneur et qui donne la vie », les hommes recevaient de pouvoir devenir les frères du Fils unique de Dieu et les fils adoptifs du Créateur de toutes choses. Cependant, à part Jean qui était présent au pied de la croix, ils n’arrivaient pas à le croire et tous étaient encore remplis de peur.

La venue parmi eux du Ressuscité relève entièrement de son initiative miséricordieuse. Comme il le leur promettra bientôt, il est désormais « avec eux tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Même si les portes « étaient verrouillées par crainte des Juifs », rien ne peut plus empêcher Jésus d’être auprès d’eux, comme désormais aucune peur, aucun obstacle ne l’empêche d’être avec nous. A eux comme à nous, le Ressuscité vient dire : « La paix soit avec vous ! », mettant lui-même en pratique la consigne déjà donnée aux disciples : « dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : “Paix à cette maison.” » (Lc 10, 5). Bien plus que par une simple salutation, Jésus qui donne l’Esprit vient établir les cœurs des disciples dans la paix en les ouvrant à l’amour du Père. Troublés autant par les événements tragiques qu’ils venaient de vivre que par leur abandon, les Dix commençaient à faire une nouvelle expérience de la miséricorde de Dieu en recevant ce jour-là la paix du pardon.

Avec la paix, c’était aussi la joie qui leur était donnée quand ils virent le Seigneur avec « ses mains et son côté », stigmates de sa Passion et surtout témoins de sa victoire sur le péché et sur la mort. Paix et joie sont des signes évidents de l’action de l’Esprit Saint dans le cœur des apôtres. Avec la paix et la joie de Jésus, ils recevaient également sa mission. Comment en effet être vraiment ses frères, unis à lui d’une manière nouvelle, sans devenir comme lui des envoyés : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Tels des aveugles de naissance, le mystère pascal venait de les plonger, de les baptiser dans la vie et l’être de « l’Envoyé » (cf. Jn 9, 7). Leur vie – et la nôtre – recevait un sens nouveau : la mission de faire connaître l’amour du Père, de participer à l’œuvre de Rédemption du Fils, de servir leur dessein commun de répandre l’Esprit dans tous les cœurs et d’apporter à tous les hommes la joie du salut. Recevant l’Esprit Saint, ils sont faits – comme nous aujourd’hui – témoins de la miséricorde divine, serviteurs de la réconciliation et artisans de paix.

En priant pour que nous soyons ainsi disposés à recevoir plus largement l’Esprit saint, je vous bénis.

La Parole de Dieu pour une lectio : Jn 20, 19-23

19 Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » 20 Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. 21 Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » 22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. 23 À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Des questions pour un partage

Revenons sur l’enseignement donné à la messe : qu’en ai-je retenu ? Est-ce que quelque chose de particulier m’a touché ou éclairé ?

Où en suis-je avec l’Esprit Saint ? Est-ce que je lui parle ? Est-ce que je me suis déjà livré à lui ? Est-ce que je l’aime vraiment ?

Comment est-ce que j’envisage cette effusion de l’Esprit ? Avec un désir croissant ? Ou bien des peurs, des objections, des résistances ? Des difficultés sont parfaitement légitimes et les reconnaître en les mettant à la lumière est le meilleur moyen de permettre à l’Esprit Saint de les dissiper.

Quelle intention de prière personnelle puis-je confier aux membres de mon groupe de partage pour qu’ils la portent cette semaine (il ne s’agit pas d’une intention pour quelqu’un d’autre mais d’une intention qui me touche personnellement et que je me sens capable de confier) ?

Des pas pour avancer

Je réfléchis : dans quel domaine de ma vie ai-je peur que Dieu intervienne ? Qu’est-ce qui m’empêche de me livrer à l’Esprit Saint ? Je le lui remets avec confiance.

Je décide de prendre un temps de prière un peu plus long que d’habitude. Pendant ce temps, je dis à l’Esprit Saint que je l’adore et que je l’aime.

Je prie pour ceux qui suivent avec moi ce parcours de préparation à l’effusion de l’Esprit.

Dans mon petit groupe de prière et de partage, je peux demander la prière des frères.

Je vais me confesser cette semaine si je n’ai pas pu le faire la semaine dernière ou bien je continue à m’y préparer pour le faire d’ici la Pentecôte.

Le 31 mai, je commence la neuvaine à l’Esprit Saint avec au moins la prière quotidienne : « Ô Roi céleste Consolateur ».