Le tableau dressé par Jésus est loin d’être réjouissant. Il annonce d’abord la destruction du Temple, qui faisait l’admiration et la fierté des disciples. Ensuite, ce seront des guerres et des désordres, de grands tremblements de terre, des famines, des épidémies et d’autres phénomènes effrayants. Enfin, ce seront des persécutions contre les disciples et toutes sortes d’épreuves et de contradictions qui pourront aller jusqu’à leur mise à mort.

Nous n’avons pas de mal à comprendre que tout cela ne concernait pas que les contemporains de Jésus, ceux à qui ils s’adressait, une fois arrivé au terme de son ultime pèlerinage dans la Ville sainte. Lui-même qui avançait, « le visage déterminé » (Lc 9, 51), vers ses propres contradicteurs et persécuteurs et vers les terribles affres de sa Passion, envisageait dans le même regard tout le mal qui traverserait l’histoire du monde, ce mal que des chrétiens – et nous aussi – ont rencontré, rencontrent et rencontreront jusqu’à « la fin ».

Loin pourtant de vouloir nous démobiliser, le Seigneur y voit l’occasion de « rendre témoignage ». N’est-ce pas ce qu’il répondra à Pilate dans le dernier dialogue précédant immédiatement la flagellation et le déchaînement de la violence jusqu’à la mise en croix : « je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37) ?

C’est pourquoi saint Paul nous dit aussi : « Tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais » (Ep 5, 16). Que la foi nous apprenne à regarder autrement nos épreuves et tout ce qui pourrait nous effrayer ou nous décourager.

Abbé Bruno Bettoli+