Chers frères et sœurs,
Comme je vous l’ai dit la dernière fois, j’ai dû faire court mais je sens qu’il faut encore dire des choses sur le partage, d’autant plus que ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus facile pour nous dans notre monde où Dieu est mis de côté et les croyants moqués. Il est d’autant plus important d’être attentifs en tout premier lieu à ce qui va favoriser notre partage.
Outre la pratique constante de la prière et du service, il convient d’avoir une attitude d’accueil qui respecte la situation spirituelle de la personne. Tout le monde n’est pas prêt à vivre les mêmes démarches, ni même à entendre les mêmes paroles. Revenons aux paroles de saint Paul VI sur les signes d’un amour fraternel de l’évangélisateur : « Le premier est le respect de la situation religieuse et spirituelle des personnes qu’on évangélise. Respect de leur rythme qu’on n’a pas le droit de forcer outre mesure. Respect de leur conscience et de leurs convictions, à ne pas brusquer. Un autre signe de cet amour est le souci de ne pas blesser l’autre, surtout s’il est faible dans sa foi (cf. 1 Co 8, 9-13), avec des affirmations qui peuvent être claires pour les initiés, mais qui pour les fidèles peuvent être source de perturbation et de scandale, comme une blessure dans l’âme » (Evangelium Nuntiandi, n° 79). Demandons avec persévérance cet amour à l’Esprit Saint et aussi de savoir reconnaître là où en est la personne pour pouvoir l’accompagner pas à pas, sans être ni brusque, ni timoré ou paresseux.
La deuxième attitude fondamentale est l’écoute. Non seulement l’écoute favorisera notre accueil et notre ajustement au cheminement spirituel de l’autre mais aussi elle lui ouvrira petit à petit le cœur. Cherchons donc à nous intéresser vraiment à la personne de notre oïkos en laissant de côté nos préoccupations personnelles. Cela nous permettra de mieux intercéder pour elle mais aussi de garder en mémoire ce qu’elle vit, ce qui est important pour elle, peut-être le prénom d’une autre personne qui lui est chère et ce qu’elle souhaiterait pour elle. Sans forcer de porte, une véritable attitude d’écoute fait grandir dans la confiance et autorise l’autre à parler de lui-même, de ce qui compte pour lui et de ce qui lui cause de la joie, de la peine ou du souci. Il n’y a pas de raison que cela soit de notre part une attitude fausse. Si nous aimons les personnes, nous nous intéressons à elles et si nous avons de la compassion, nous sommes prêts à recevoir tout ce qui est pesant et difficile pour elles. Notre écoute sera plus profonde si elle est une écoute active, c’est-à-dire que nous poserons des questions qui ne forcent rien mais expriment tout simplement notre intérêt ou notre sollicitude. Offrons de belles occasions de rencontre pendant lesquelles nous ne serons pas pressés et nous pourrons être complètement dédiés, en évitant de regarder notre montre et de penser à une autre affaire urgente. Aimer, c’est souvent donner notre temps.
A partir de cette écoute marquée par une véritable bienveillance, nous serons capables de manifester une sincère estime pour la personne. Il est important de souligner et de mettre en valeur ce qui est positif dans ce que les personnes nous confient. Il est d’ailleurs possible que ce frère ait besoin d’aide pour prendre conscience que les événements qu’il a vécus renferment certains éléments positifs. C’est le regard de Dieu aussi que nous devons chercher à poser nous-mêmes sur la personne que nous accueillons et à qui nous voudrions faire rencontrer le Seigneur Jésus. Ne nous contentons pas d’écouter et de poser des questions. A certains moments, il nous faut donner notre avis, surtout en nous appuyant sur les paroles de l’Ecriture et particulièrement de l’Evangile. Comme moi, vous avez peut-être déjà fait l’expérience de la force particulière de ces paroles divines, sans aucune comparaison avec les paroles humaines.
Enfin, avec le Pape
François qui nous parle de la joie de l’Evangile, soyons attentifs à offrir un
climat de joie constante. Elle est la marque de celui qui a rencontré Jésus
ressuscité, même au milieu des difficultés ou des épreuves de la vie.
Partageons donc cette joie à tous et particulièrement aux membres de notre oïkos. Ainsi l’Esprit Saint agira plus
librement. Et moi, avec joie, je vous bénis.
Questions pour la réflexion commune
Auprès de qui ai-je trouvé une écoute et un cœur pour m’accueillir vraiment ?
Quels conseils et quelles idées pouvons-nous échanger pour nous aider et nous encourager à mieux accueillir et écouter les personnes ? Ai-je fait l’expérience de la force de certaines paroles de l’Ecriture dans ma propre vie ? A l’occasion d’un témoignage rendu au Christ, à son Evangile ou à la doctrine chrétienne ?