L’Evangélisation (5) – Les Béatitudes dans l’évangile selon Saint Luc, ch. 6 versets 17.20-26
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Chers membres des cellules,

Dimanche prochain, nous entendrons l’enseignement des béatitudes en saint Luc. Il comporte des différences notables avec la version matthéenne à laquelle j’ai consacré dix enseignements l’année dernière. De toute façon, la Parole de Dieu est inépuisable et il est toujours bon de la recevoir à nouveau, comme nous le faisons ces dernières semaines, davantage sous l’angle de l’évangélisation.

Je commence par la fin où le Seigneur nous dit :

« Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. »

J’y vois là un encouragement pour notre vie de disciple. Nous prononcer pour Jésus par notre comportement d’abord et, parfois, par notre témoignage explicite,  peut nous coûter cher car les hommes, pris par l’esprit du monde, ne veulent pas l’accueillir, car cela tranche avec leur manière d’être et condamne même éventuellement leurs œuvres.

Rejetés par les hommes, nous savons que, au contraire, nous sommes alors bien accueillis par Dieu.

Venant d’être fouettés et menacés, les apôtres « repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus » (Ac 5, 41). Nous n’avons pas à nous soucier d’être bien jugés par les hommes qui « regardent l’apparence » mais plutôt de correspondre à l’attente de Dieu « qui regarde le cœur » (1S 16, 7) et de vivre selon les grâces qu’il nous offre pour imiter son Fils.

Nous pouvons recevoir cette béatitude pour nous-mêmes, en tant que nous appartenons déjà au Seigneur. Elle nous apprend à chercher et à trouver la vraie joie même et surtout au milieu des contradictions inévitables de la mission. Nous pouvons aussi recevoir cette béatitude comme une promesse à annoncer à ceux qui ne sont pas encore les disciples du Seigneur. Eux aussi cherchent à être heureux mais rien de ce qu’ils ont pu tenir ou qu’ils semblent tenir aujourd’hui ne pourra leur apporter ce bonheur tant espéré alors que l’appartenance au Christ est ce que rien ni personne ne peut nous retirer.

« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main » (Jn 10, 27-28).

En vivant cette béatitude, nous pouvons interpeler nos contemporains qui se demandent, comme le psalmiste : « Qui nous fera voir le bonheur ? » (Ps 4, 7)

J’en viens maintenant aux trois premières béatitudes que Jésus adresse également à ses disciples mais que nous pouvons aussi recevoir comme étant l’Evangile à annoncer à nos frères.

Souvenons-nous que l’Esprit nous a consacrés, avec Jésus, pour « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 18). Et justement, le Seigneur annonce ici le bonheur des pauvres, de ceux qui ont faim et qui pleurent. Il n’y a d’ailleurs pas là directement de lien visible avec l’état de disciple, contrairement à la dernière béatitude que nous avons regardée en premier.

Pour que cela puisse être annoncé, il est absolument indispensable que notre attitude de service dise la même chose, aussi bien au niveau personnel qu’au niveau communautaire. L’Eglise n’a cessé tout au long de son histoire d’entendre l’appel des pauvres. Le Pape François ne cesse de nous le rappeler et les saints en sont les meilleurs exemples. Nous devons nous aussi nous laisser interpeler par les cris de ceux qui souffrent, ces cris qui sont autant d’expressions de la soif de Jésus (cf. Jn 19, 28) qui s’est identifié à eux (cf. Mt 25, 40).

Imitons donc le Seigneur. « Il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés. » (Ps 145, 7).

Comprenons aussi que tous les moments d’épreuve sont autant d’occasions d’une ouverture à la Bonne Nouvelle parce qu’ils ébranlent notre vision d’un bonheur sans Dieu, à portée de main et que nous aurions à bâtir par nos propres forces. Les ruptures dans nos vies, un deuil, une maladie grave, des difficultés professionnelles, etc. permettent souvent de reconnaître que nos valeurs étaient fausses et trompeuses. Toujours attentifs à ceux de notre oïkos, nous pourrons dans ces moments critiques les aider à se tourner vers leur Sauveur.

En confiant nos cellules à l’intercession de sainte Thérèse, patronne des missions, je vous bénis.