L’Evangélisation (3) – Evangile selon Saint Luc, ch. 4 versets 21-30
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Chers membres des cellules,

Avec l’évangile de dimanche prochain, nous prenons la suite de celui que nous avons entendu dimanche dernier. Jésus est encore dans la synagogue de Nazareth, celle où il a fêté le sabbat depuis son enfance. Il est vraiment là en terrain connu. On pourrait dire que c’est son oikos. Il connaît probablement chacun de ceux qui sont autour de lui et qui viennent de l’écouter proclamer et commenter la prophétie d’Isaïe. Loin de moi l’idée de vous décourager de prier pour ceux de votre oikos et de vous approcher d’eux en les  écoutant et en les servant. Je serais bien ennuyé que nous comprenions les choses ainsi.

Cependant, il y a quelque chose dans ce passage d’évangile qui pourrait nous y faire penser. En effet, ces proches de Jésus vont se montrer absolument incapables de s’ouvrir à la nouveauté de son message, étant trop sûrs de le connaître : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Jésus semble d’ailleurs confirmer cela en disant : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. »

Il y aurait bien là de quoi nous décourager. Eh bien non ! C’est tout le contraire. Entendons par là que nous n’avons pas à nous étonner de notre difficulté à témoigner auprès de ceux que nous connaissons bien et qui nous connaissent bien aussi. Ces difficultés, puisqu’elles ne nous surprendront pas, ne seront pas non plus pour nous source de découragement.

Je remarque d’ailleurs que cela n’a pas empêché Jésus d’essayer. Il est allé à Nazareth alors qu’il avait déjà trouvé un bon accueil à Capharnaüm. Nous aussi, nous devons essayer de témoigner auprès de nos proches, même si nous avons peut-être de plus grands handicaps que Jésus. Car ce ne sont pas toujours seulement les autres qui ont du mal à changer leur regard sur nous. C’est parfois aussi nous qui avons du mal à changer dans notre relation avec eux, à laisser la nouveauté de l’évangile renouveler nos relations familiales notamment, ces relations qui se sont construites avant notre alliance consciente et définitive avec le Seigneur.

L’évangile a fait de nous des hommes nouveaux au moins en certains domaines – plaise à Dieu que les autres ne soient pas laissés pour longtemps en attente – mais il arrive souvent que nous résistons à le laisser changer nos plus anciennes relations. Avec tout cela, nous connaissons des exemples de personnes – et de saints en particulier – qui ont obtenu, par leur grande persévérance, la conversion d’un fils, d’un époux ou d’autres proches.

S’il ne faut donc pas nous décourager, malgré les difficultés, vis-à-vis de ceux qui nous sont les plus proches, la fin du récit du passage à la synagogue de Nazareth nous dit autre chose. Il me semble que nous sommes invités à regarder plus loin que nos premiers cercles naturels.

Au temps du prophète Elie, cela a été la veuve de Sarepta et au temps d’Elisée, le général syrien Naaman.

Dieu a su voir qu’ils étaient prêts à accueillir sa grâce pour être sauvés et ni l’un ni l’autre ne se trouvaient dans le peuple d’Israël. Pour nous, cela peut être une personne à laquelle nous pourrions ne pas avoir pensé spontanément. Il ne s’agit pas, comme je vous l’ai dit au début, de brader le concept de l’oikos mais bien plutôt d’élargir notre regard, notre attention et donc aussi notre oikos.

La vie peut nous faire rencontrer des personnes d’autres religions, d’autres cultures, d’autres cercles sociaux. En disant “la vie”, je veux dire “le Seigneur”. Personne ne doit être a priori exclu de notre oikos.

L’évolution de la rencontre, l’apparition d’une soif ou d’un questionnement qu’on n’avait pas tout de suite perçus, notre écoute attentive qui a su reconnaître des pierres d’attente insoupçonnées nous conduiront à mettre dans notre oikos certaines personnes que nous n’aurions jamais imaginé y mettre.

Les Evangiles et les Actes des Apôtres sont remplis de ces rencontres qui ont conduit à la conversion des personnes que l’on n’attendait pas.

Demandons donc à Dieu de nous rendre attentifs et vraiment disponibles avec les personnes que nous rencontrons, toujours prêts à être mobilisés pour la mission dont le Pape François vient de dire, au Panama, qu’elle n’est pas un à-côté pour nous mais notre actualité permanente.

Depuis Rome où je passe quelques jours en pèlerinage avec les prêtres des Yvelines, je vous bénis.