L’Evangélisation (1) – Evangile selon Saint Jean, ch. 3 versets 22-30
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Chers membres des cellules,

Pour l’enseignement de cette semaine, je partirai d’un passage de l’Ecriture que nous avons reçu récemment dans la liturgie de semaine. Il s’agit de l’évangile du samedi après l’Epiphanie. Vous pourrez donc facilement le retrouver dans votre missel pour en avoir la traduction liturgique ou bien dans votre Bible. Il s’agit du troisième chapitre de l’évangile selon saint Jean, les versets 22 à 30.

Ce sont les derniers versets qui vont nous intéresser le plus mais il faut en reprendre le contexte. Jean n’avait pas encore été mis en prison et poursuivait son ministère prophétique et particulièrement, il appelait à un baptême de conversion. Pendant ce temps, Jésus avait déjà commencé à annoncer l’Evangile et à s’attirer des disciples dont beaucoup avaient d’abord été interpelés par le Baptiste lui-même. On vient alors rapporter à Jean le succès de Jésus. Bien loin de susciter en lui des réactions de jalousie ou d’inquiétude, c’est l’occasion pour le Précurseur de partager son regard sur le Christ et ses propres sentiments intérieurs.

Les premiers mots qui me touchent sont ceux des interlocuteurs de Jean : « Tous vont à lui ! » Quels mots pourraient être plus réconfortants pour les disciples-missionnaires que nous sommes ? C’est en effet ce que nous espérons et ce pour quoi nous travaillons.

C’est la raison même des cellules paroissiales d’évangélisation de nous encourager tous à aller vers Jésus, d’abord nous et aussi tous ceux de nos oikos.

J’insiste sur le fait que nous devons être les premières personnes évangélisées. Le rendez-vous hebdomadaire fraternel est au service d’une conversation permanente, d’un attachement au Christ, de la joie de reconnaître l’Esprit de Dieu présent et agissant dans sa vie. L’évangélisation commence toujours par soi.

 La Bonne Nouvelle doit sans cesse être accueillie à nouveau et c’est cela qui peut faire de nous des témoins plus rayonnants de l’amour de Dieu. Quand nous considérons que l’évangélisation est uniquement pour les autres, nous sommes en véritable danger pour notre vie spirituelle. Nous pouvons conserver de bonnes habitudes qui feront illusion mais tout ce que nous ferons risquera de ne devenir progressivement que notre œuvre dans le petit univers dont nous serons devenu le centre.

Jean au contraire tourne toujours notre regard vers un autre, le Christ, qu’il a déjà appelé « l’Agneau de Dieu » (Jn 1, 29.36) et qu’il évoque aujourd’hui par l’image de « l’époux ».

Est-ce une manière de parler du Christ que vous comprenez et qui vous touche ? Cela me paraît important.

Pour nous en convaincre, pensons que Jésus lui-même s’est désigné comme « l’Epoux » (Mc 2, 18-20), assumant ainsi une image déjà présente dans l’Ancien Testament pour qualifier les rapports entre le Seigneur et Israël, son peuple. Or qui dit époux, dit épouse et aussi le lien d’amour réciproque, l’attachement total, définitif et fécond qui unit l’un et l’autre.

Le Christ est l’Epoux et l’Eglise est l’Epouse (Ep 5, 21-33). L’Eglise est cette part de l’humanité qui a entendu la déclaration d’amour du Christ, qui a été touchée par ce qu’il a fait pour elle en offrant sa vie mais c’est toute l’humanité que le Fils de Dieu est venu épouser. Ainsi, ce n’est pas Jean qui devrait être jaloux de Jésus. C’est Dieu qui est « un Dieu jaloux » (Ex 20, 5). Il nous aime et ne peut consentir à nous partager avec un quelconque faux dieu.

Apprenons donc à nous tenir dans l’Eglise-Epouse et à reconnaître l’amour du Seigneur pour nous mais aussi apprenons de Jean à être « l’ami de l’époux », celui qui « se tient là, [qui] entend la voix de l’époux, et [qui] en est tout joyeux ». S’il veille sur l’épouse, ce n’est que pour l’époux.

Notre joie, en tant qu’ami de l’époux, est de voir un frère ou une sœur découvrir l’amour du Christ et aller vers lui pour le recevoir et se donner à lui. Nous ne pouvons pas être jaloux des « succès » missionnaires des autres. Au contraire, nous les portons dans la prière, nous en réjouissons et en rendons grâce à Dieu. Nous ne cherchons pas à entrer dans l’intimité de la relation de chacun avec le Christ. Nous leur annonçons l’Evangile non pour nous mettre en avant mais pour lui laisser toute la place. Avec la belle figure de Jean, demandons la grâce d’être saisis par l’amour de l’Epoux. Je vous bénis