Les relations dans l’amour
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Chers frères et sœurs,

La semaine dernière, je vous parlais de notre besoin de relations, à partir de l’expérience de privation lors du confinement et à partir d’autres réalités encore. Aujourd’hui, je voudrais aller plus loin en précisant, ce qui est bien évident, que ces relations doivent être bonnes, doivent être des relations de justice et d’amour. Si je reprends l’image de la plante qui vit des échanges permanents avec son milieu extérieur, encore faut-il qu’elle y trouve les bons éléments dont elle a besoin. Si certains d’entre eux manquent pendant trop longtemps ou si d’autres qui ne sont pas souhaitables sont trop présents, notre chère petite plante ne tardera pas à mourir.

Bien sûr cette image est limitée et même un peu dangereuse car elle pourrait nous induire à rechercher dans les relations aux autres ce dont nous avons besoin, de manière utilitariste, alors que ce serait nocif aussi bien pour nous-même que pour les autres. Dépassons donc cette image pour considérer ces bonnes relations qui sont d’ailleurs un des cinq essentiels de la vie chrétienne quand on les considère entre membres de l’Eglise, mais je veux rester plus général pour le moment.

Il ne fait aucun doute que certaines relations peuvent être nocives. Cela peut arriver dans la petite enfance ou l’enfance, avec de lourdes conséquences sur le futur adulte. Cela peut aussi arriver dans un couple lorsque l’un des deux est ce qu’on appelle un pervers narcissique, est atteint par une maladie psychique ou encore est violent. Cela peut également arriver dans le cadre du travail où nous entendons parfois parler de harcèlement. Je ne vais pas faire une liste de situations pathologiques désastreuses. Je ne vais pas non plus m’attarder sur toutes les situations abîmées où les responsabilités sont partagées. Mais il me semblait utile d’évoquer cela rapidement pour faire apparaître en négatif l’importance de ces bonnes relations qui nous épanouissent.

Pour repartir de la Parole de Dieu et plus précisément de Jésus, je repense à cette rencontre avec l’homme riche que saint Marc nous rapporte en précisant à un moment : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. » (10, 21a) Cette précision arrive après que le dialogue avait commencé entre eux deux. L’homme venait d’affirmer qu’il observait tous les commandements depuis sa jeunesse. Pour autant, il ne faut pas croire que Jésus s’est mis à aimer cet homme comme nous nous attachons aux personnes remarquables par de grandes qualités. L’amour qui est dans le regard et toute l’attitude de Jésus, avec cet homme comme avec tous ceux qu’ils rencontrent, même quand les échanges sont rudes, cet amour est l’amour divin, l’amour-agapè. Cet amour est gratuit et Jésus précise ailleurs que c’est l’amour par lequel on donne sa vie pour ses amis (cf. Jn 15, 13). Nous savons, de foi, que cet amour a été de toutes les rencontres faites par Jésus. Il est Dieu et a vécu toute sa vie dans l’amour reçu et rendu au Père et par suite ou dans le même temps, dans l’amour pour chacun non seulement de son pays et de son temps mais pour tous les hommes de tous les temps.

Loin de nous présenter un idéal inatteignable, Jésus est venu non seulement nous dire notre origine – la sainte Trinité – et notre fin – encore la sainte Trinité, la communion des (trois) Saints et la communion des saints – mais aussi nous donner le commandement nouveau (cf. Jn 13, 34), c’est-à-dire le commandement ancien (cf. 1Jn 2, 7) que lui seul peut rendre nouveau en nous. Souvenons-nous des paroles de Jésus : « le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres » (Jn 14, 10) ; et deux versets après : « celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais » (v. 12). Par la foi, nous sommes déjà plongés dans le mystère de la communion des saints et il nous est donné d’avoir part à cette grâce pour nous aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés. Si l’amour-agapè purifie et embrase toutes nos intentions, comment nos relations ne deviendront-elles pas fécondes ? Ne rêvons pas que tout devienne facile et les échanges simples. L’amour demande la vérité (cf. Ps 84, 11) et commande aussi le courage mais par la croix, nous savons que vient le salut.

En pensant à cette communion des saints qui nous attend et nous appelle, je vous bénis.

Questions pour la réflexion commune

Comment réagir face à des relations nocives ?

Comment renouveler mes relations dans l’amour ?

Comment des relations peuvent être à la fois « rudes » et dans l’amour ?