Les marcheurs du dimanche
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« De grandes foules faisaient route avec Jésus. » A la bonne heure ! Comment ne pas se réjouir de ces nombreux compagnons de marche ?

Au contraire, le Maître semble n’avoir d’autre projet que de les décourager. En tout cas, les conditions qu’Il impose devraient avoir raison de la générosité de plus d’un : le préférer à quiconque et même à sa propre vie ; porter sa croix pour marcher derrière lui ; et renoncer à tous ses biens. Et pour enfoncer le clou – sans mauvais jeu de mot – voici deux petites comparaisons avec des entreprises vouées à l’échec.

C’est que ces “marcheurs” doivent savoir qu’avec Jésus, s’ils pensent être des “marcheurs du dimanche”, ils sont d’abord des “marcheurs du vendredi”. La route qu’il a prise en effet est celle de Jérusalem (Lc 9, 51) pour y être « livré aux mains des hommes » (v. 44). Nous non plus, nous ne devons pas nous illusionner : si nous marchons avec Jésus, c’est pour entrer dans l’amour jusqu’au bout et consacrer notre vie à Dieu. Cette offrande de nous-mêmes est vraiment onéreuse parce qu’elle rencontre le péché qui lui fait obstacle en nous et autour de nous. Si le prix nous paraît exorbitant, asseyons-nous pour nous souvenir que l’amour n’a pas de prix.

Pour prendre nous aussi la suite du Christ et ne pas risquer de nous arrêter en chemin, il nous faut régulièrement nous arrêter pour « calculer la dépense » en incluant “le gain” extraordinaire qui nous est promis. Ainsi, “marcheurs du vendredi”, nous serons aussi “marcheurs du dimanche”, remplis de joie, de forces sans cesse renouvelées et d’une invincible espérance.

Abbé Bruno Bettoli+