Les Béatitudes (10) – « Les persécutés pour la justice »
">

Chers membres des cellules,

 

Nous arrivons au terme de notre trop rapide parcours des Béatitudes, par lequel nous avons essayé de nous tenir un peu plus près du cœur de Jésus. La dernière d’entre elles nous parle de persécution et de rejet mais aussi, toujours et principalement, de cette joie surnaturelle qui l’habite et que Jésus veut nous donner en partage :

 « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. »

L’Eglise a connu la persécution dans les tout premiers temps de son histoire. Je propose que nous regardions cela avec l’aide de la lettre aux Galates.

« L’Apôtre des nations païennes » (2, 8) reconnaît lui-même avoir d’abord mené « une persécution effrénée contre l’Église de Dieu » (1, 13). A ce moment-là, il pensait que c’était « en pratiquant la loi de Moïse que l’homme devenait juste devant Dieu ». Par la suite, il a bien sûr rejeté cette croyance et confessé que c’était « seulement par la foi en Jésus Christ » (2, 16) que cela était possible. A son tour, il a alors fini par être persécuté pour la justice.

Notez bien que, comme pour la béatitude des affamés et assoiffés de justice, j’entends d’abord – bien que non exclusivement – ce terme de justice dans le sens de la justice qui vient de Dieu par son Esprit « à cause de Jésus » (cf. Mt 5, 11).

Dans la même lettre aux Galates, saint Paul compare ceux qui cherchent « la justification par la Loi, […] séparés du Christ, […] déchus de la grâce » (Ga 5, 4) et ceux qui « par l’Esprit » l’attendent « de la foi » (5, 5).

Les deux ont été annoncés en image par les deux fils d’Abraham : « l’un né de la servante, et l’autre de la femme libre » (4, 22), l’un « engendré selon la chair », et l’autre « en raison d’une promesse de Dieu » (4, 23). Eh bien, comme l’écrit lui-même l’Apôtre, « de même qu’autrefois le fils engendré selon la chair persécutait le fils engendré selon l’Esprit, de même en est-il aujourd’hui » (4, 29).

Cet affrontement et cette jalousie existent et existeront toujours.

« Ceux qui sont au Christ Jésus [et qui] ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises » (5, 24) connaîtront tôt ou tard la persécution de la part d’une société ou de personnes qui sont livrées aux « convoitises de la chair » (5, 16).

 Mais ne nous faisons pas d’illusion. Le combat est aussi et toujours d’abord intérieur. C’est une sorte de persécution intérieure qui se réalise dans le combat spirituel « car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair – nous dit encore saint Paul. Il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez » (5, 17).

Avec cette dernière béatitude, il me semble que Jésus nous annonce la nécessité du combat spirituel dans la mesure où nous avons choisi de le suivre et de vivre avec lui toutes les autres béatitudes. Ce combat est rude et épuisant. Il nous met à rude épreuve mais il n’empêche pas la joie, bien au contraire. Le plus grand risque est le découragement, à cause des chutes répétées, à cause de notre propre complicité mais céder à cela serait une manière d’oublier le Christ, sa miséricorde et sa fidélité.

Que ce soit face à la persécution extérieure ou face à l’incessant affrontement intérieur, le disciple de Jésus sait de quel amour il a été aimé. A son tour, il peut dire : « Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (2, 20).

 De même que les Apôtres « quittant le Conseil suprême, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus » (Ac 5, 41), de même celui qui fait l’expérience de l’Esprit en reçoit déjà la joie qui en est le fruit (cf. Ga 5, 22), même au milieu des tribulations.

Comptant sur vous pour que nous avancions ensemble sur le chemin ouvert par Jésus, je vous bénis.