Le temps du carême
">

Chers frères et sœurs,

Cette semaine, toute l’Eglise entre dans le temps du carême, temps de grâce, temps favorable pour lequel je voudrais vous accompagner avec une série d’enseignements. Pour commencer, je vous propose une vue d’ensemble sur ce temps liturgique.

C’est la fête de Pâques qui permet de déterminer le temps du carême en remontant quarante jours avant. La date de la fête de Pâques est fixée au dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe de printemps. Le mercredi des cendres se trouve quarante-six jours plus tôt, ce qui permet de compter quarante jours de jeûne, puisque les dimanches ne sauraient être des jours de jeûne.

Voici d’ailleurs la lecture entendue aux laudes des quatre premiers dimanches de carême :

« Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu. Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! » (Ne 8, 9-10)

Dans la mise en place de la liturgie, l’Eglise a commencé par faire vivre à ses enfants un jeûne strict d’un, deux ou plusieurs jours pour la fête de Pâques. Ce jeûne n’était pas tant préparatoire que partie intégrante de la célébration de la Pâque chrétienne :

« Des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, en ces jours-là, ils jeûneront. » (Lc 5, 35)

Rompu par la célébration nocturne de l’Eucharistie, il signifiait la passion et la mort de Jésus, suivies de la victoire de sa résurrection. Mais rapidement, la célébration de la Passion du Seigneur est apparue le Vendredi Saint, bientôt précédée par celle du jeudi soir faisant mémoire de la Cène du Seigneur.

Notre carême, qui vient du mot Quadragesima – quarantième – déformé ensuite en Quaresima, apparût un peu plus tard comme un temps de purification et de préparation à la solennité pascale, en référence à la quarantaine vécue par Jésus au désert immédiatement après son baptême, rappelant elle-même celle de Moïse avant le don de la Loi et celle d’Elie dans la marche qui le conduisit à la rencontre avec Dieu sur l’Horeb. La référence aux quarante ans du peuple hébreu dans le désert est également une référence inévitable : « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : allais-tu garder ses commandements, oui ou non ? » (Dt 8, 5)

Si le jeûne a eu la première place – place que nous devons ne pas oublier –, l’évangile du mercredi des cendres nous rappelle que Jésus en parle en lien avec la prière et l’aumône, ce dont l’Eglise a toujours voulu en même temps tenir compte. Je reparlerai certainement de ces dimensions mais choisis d’en rester aujourd’hui à une présentation générale et un peu historique du carême.

Un autre aspect bien connu rejoint cette idée de préparation aux solennités pascales. Il s’agit de l’ultime préparation des catéchumènes aux sacrements de l’initiation chrétienne qu’ils sont appelés à recevoir au cours de la vigile pascale : le baptême, la confirmation et l’eucharistie. Il sera intéressant de regarder plus précisément le parcours qu’il leur est permis de vivre pendant le carême et d’en recevoir des enseignements pour nous-mêmes qui sommes déjà baptisés. En attendant cela, il est bon de prendre conscience que l’Eglise entière porte en elle jusqu’au bout ceux qui vont ainsi naître à la vie divine en étant unis au mystère pascal du Christ. La durée de quarante jours ne peut d’ailleurs pas manquer de nous faire penser aux quarante semaines de la gestation. C’est vraiment un enfantement qui implique l’Eglise comme mère et comme corps, ce que manifestent et réalisent les célébrations liturgiques qui rassemblent le Peuple de Dieu. Ceux qui sont déjà baptisés sont donc concernés comme membres de ce corps mais il est clair que c’est aussi pour eux un temps précieux qui leur permet de faire mémoire de leur propre vie baptismale et d’en désensabler la source pour que jaillisse toujours en eux la vie nouvelle de la grâce. Même lorsqu’il n’y a pas de baptême au cours de la vigile pascale, le rite prévoit le renouvellement des promesses baptismales pour tous les fidèles présents. Vous souhaitant donc de vivre un fructueux temps de carême, je vous bénis.

Questions pour la réflexion commune

Quel regard est-ce que je pose habituellement sur le temps du carême ?

Quelle place a le jeûne dans ma vie ?

Quels moyens est-ce que je veux me donner pour vivre au mieux ce carême ?

Est-ce que je connais les catéchumènes de la paroisse ?