Le pouvoir de donner sa vie
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Toute société a besoin d’une organisation du pouvoir. Refuser cela mènerait inévitablement au chaos et par suite à la violence. Aussi, la société qu’est l’Église ne peut se passer d’un gouvernement et de l’exercice de l’autorité. En regardant son histoire, nous voyons bien que le risque du pouvoir et ses pièges n’ont pas manqué et aujourd’hui, une actualité tragique nous jette à la figure ses plus graves abus et défaillances.

Face à cela, il est bon de relire la lettre que le Pape François a écrite « au Peuple de Dieu » le 18 août 2020 à l’occasion de la parution d’un « rapport détaillant le vécu de […] victimes d’abus sexuel, d’abus de pouvoir et de conscience, perpétrés par des prêtres ». Le Pape n’y remettait évidemment pas en cause la constitution hiérarchique de l’Église que le Concile Vatican II a si bien exposée (Lumen Gentium, ch. III). Ce ne sont pas des clercs, en effet, que le Saint Père voudrait se débarrasser mais bien plutôt du cléricalisme. Selon la volonté même du Seigneur Jésus, il y a bien dans l’Église des « ministres qui disposent du pouvoir sacré » (LG §18), reçu avec le sacrement de l’ordre. C’est d’abord une nécessité, comme l’explique le Catéchisme à l’article 875, mais c’est aussi un défi, car ces ministres ne doivent jamais oublier qu’ils « sont au service de leurs frères » (ibid.), ce que présente l’article suivant, le 876.

Les cœurs sont plus à changer que les structures. Le Pape, ainsi, nous appelle tous à vivre une « conversion personnelle et communautaire ». C’est l’exigence même du Christ dans l’évangile de ce dimanche, son exigence et l’exemple de toute sa vie.

Abbé Bruno Bettoli +