Le porche des Béatitudes

Les Béatitudes ne sont pas les premiers mots sortis de la bouche de Jésus, mais avant ceux-là, Saint Matthieu n’a rapporté que ceux qui étaient un exact décalque de ceux du Baptiste : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » (3, 2 ; 4, 17)

Maintenant, au début de son cinquième chapitre, l’évangéliste met en scène le premier grand discours de Jésus en l’introduisant ainsi : « Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait ». Le parallèle avec Moïse lui-même est frappant et deviendra rapidement très explicite, à partir du verset 17. On ne peut en douter – et la tradition de l’Église le confirme – au décalogue (huit commandements et deux répétitions) correspond le prologue du discours sur la montagne que constituent les huit béatitudes (suivies de deux répétitions : « Heureux êtes-vous » et « Réjouissez-vous »).

Plus tard, Jésus Christ rassemblera tous les commandements de Dieu en une seule gerbe, liée par le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain (22, 34-40). 

Avant cela – je viens de l’évoquer – il en révélera toute la radicalité nouvelle (5, 17-48). Mais pour le moment, il présente aux hommes assoiffés du véritable bonheur les attitudes qui leur permettront d’avancer sur la voie vivante qu’il est venu inaugurer pour eux.

Parmi ces paroles inaugurales, ces paroles de grâce, ce n’est certainement pas par hasard que la première concerne la pauvreté de cœur. A l’écoute des prophètes (cf. Sophonie) et des Apôtres (cf. saint Paul) et surtout en contemplant la personne du Christ, nous comprendrons toujours mieux ce qu’est cette grâce primordiale que nous avons à demander et à chercher à vivre.

Abbé Bruno Bettoli +