Le paradis sans se fatiguer
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Chers frères et sœurs,

Puisque je ferai une mini-série spécialement pour l’avent, Il fallait bien que je choisisse un dernier thème – au moins pour le moment – à cette série sur l’apologétique. J’ai donc choisi, en ce mois de novembre davantage consacré aux fins dernières, de parler de l’Enfer et du Paradis. Je me souviens en avoir parlé il y a deux ans mais je vais tâcher de reprendre la chose différemment en fonction des objections qui m’ont été présentées. Les voici :

« Si Dieu nous aime, tout le monde ira au Paradis alors pourquoi se fatiguer ? » 

Et : « Si le but de Dieu est à la fin des temps de nous avoir tous autour de lui dans le ciel, pourquoi ne l’a-t-il pas fait dès la création ? »

Je vais commencer par la deuxième objection, parce que cela pourra nous éclairer. Placer des êtres « autour de lui dans le ciel » dès leur création, c’est exactement ce que Dieu a fait avec les anges. Mais force est de constater qu’il n’y a eu là rien d’automatique, comme si la liberté de ces créatures spirituelles n’entrait pas en ligne de compte. Au contraire, n’ayant pas de corps et ne participant pas comme nous au temps tel que nous le connaissons, les anges ont dû se prononcer immédiatement par un oui ou par un non, par un consentement ou par un refus. Si une multitude a consenti et est rassemblée dans les neuf cohortes célestes dont nous parle l’Ecriture, nous ne pouvons pas oublier que des “légions” de ces êtres spirituels se sont fermées à l’amour de Dieu et sont ainsi devenues le Diable et tous les démons qui l’ont suivi dans sa folle et orgueilleuse révolte contre l’amour.

Si vous m’avez bien compris, la seconde objection a été résolue parce qu’un tel projet de Dieu ne serait pas la création de l’homme mais celle des anges. Mais au passage, nous avons compris qu’il y avait un enjeu crucial de la liberté. Certes, le « Non serviam »« Je ne servirai pas ! » (Jr 2, 20) – de Lucifer reste un mystère pour nous mais nous sommes bien contraints de l’accepter parce que nous ne pouvons pas envisager d’autre explication à l’existence du Diable.

A partir de là, nous pouvons percevoir la fausseté trompeuse de l’affirmation : « On ira tous au Paradis ». Bien sûr que Dieu nous aime. Nous l’avons dit et nous le répéterons autant que cela sera nécessaire mais quel est cet amour qu’on imagine ou qu’on voudrait voir ignorer la liberté humaine ? Et puis quel est ce Paradis dans lequel nous pourrions entrer sans consentir vraiment à l’amour et donc, comme cela était dit dans l’objection, sans « se fatiguer ». Il faut avoir peu contemplé l’amour de Dieu pour ne pas désirer y avoir part en accueillant l’appel et la grâce de « la conversion qui fait entrer dans la vie » (Ac 11, 18).

Ce serait en effet un amour au rabais ou un ciel au rabais s’il pouvait s’obtenir aussi facilement qu’une feuille d’arbre dans une forêt. Le projet de Dieu est-il immense ou non ? Faire de nous ses enfants, est-ce une petite chose de peu d’importance ? Rien n’est trop difficile pour Dieu mais comment notre salut pourrait-il ne pas nous concerner, nous aussi, et nous impliquer radicalement ? Pourrions-nous être appelés à devenir semblables à Dieu tout en évitant de nous engager sur les voies de l’amour avec tout ce que cela suppose de lutte et de générosité ?

Une telle objection nous inviterait donc à présenter une nouvelle fois la vision chrétienne de l’homme sous la lumière du mystère trinitaire. Il y a une anthropologie et donc aussi une théologie qui ne sont pas chrétiennes derrière la proposition de ne pas se fatiguer pour aller au Paradis. L’argument placé en exergue était celui de l’amour de Dieu – « Si Dieu nous aime… » – mais c’est justement cet amour ardent qui est ignoré. Cet amour n’aurait finalement pas tant de valeur chez notre interlocuteur puisqu’il ne mérite pas vraiment d’efforts de notre part pour l’obtenir. Bien sûr, il ne s’agirait pas d’imaginer que l’homme l’obtiendrait par ses seules forces – ce qui ne serait pas du tout chrétien non plus – mais la grâce qui nous est offerte doit permettre que se déploie en nous l’immense mouvement de la charité, cette charité qui se fatigue joyeusement.

Souvenons-nous donc que « chacun recevra son propre salaire suivant la peine qu’il se sera donnée » (1Co 3, 8). Alors que « votre charité se donne de la peine » (1Th 1, 3). Je vous bénis.

Les neufs chœurs d’anges

Même si des courants astrologiques ou de différentes pseudo-spiritualités dissertent dangereusement sur les anges, on trouve dans la tradition chrétienne ces différentes désignations : les séraphins, les chérubins et les trônes ; les dominations, les vertus et les puissances ; les principautés, les archanges et tous les autres anges (dont a priori nos anges gardiens). Restons prudents à ce sujet car la plupart de ce qu’on trouvera dessus n’a rien de chrétien.

Questions pour la réflexion commune

Qu’est-ce que la foi chrétienne change à la manière d’envisager le Paradis ? Comment en parlent d’autres traditions religieuses ?

Quelles sont les enseignements de Jésus quant à la possibilité de la damnation ? Comment parle-t-il de la vie éternelle ? Tâchez autant que possible de retrouver les références et de lire ces enseignements dans la Bible afin d’éviter de vagues souvenirs qui ne seraient pas exactement dans l’Ecriture.

Quelle “inquiétude” ou quel souci nous reste-t-il de notre salut et du salut de tous les hommes ? Sommes-nous sur ce point en phase avec le Seigneur Jésus ?

Comment comprendre le cas du bon larron qui semble, lui, avoir obtenu le Paradis sans peine ?