La vie communautaire
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Chers frères et sœurs,

Comme nous l’avons vu la dernière fois, l’Eglise est communion des saints, d’abord au sens de partage des biens offerts par Dieu : la foi, les sacrements, les charismes, tous les biens, des plus concrets jusqu’au plus élevé : la charité. La communion à tous ces biens ne peut manquer d’être aussi une communion des personnes. Au niveau universel, nous savons qu’il y a cette communion et même qu’elle dépasse les limites du monde visible puisqu’elle va jusqu’aux âmes défuntes, celles qui sont au Purgatoire (l’Eglise souffrante) et celles qui sont au Ciel (l’Eglise triomphante). Nous pouvons considérer que nous sommes en communion avec le Pape, avec les chrétiens persécutés dans un autre pays, avec des chrétiens que notre travail ou nos vacances nous donneraient l’occasion d’approcher. Tout cela n’est pas que théorique parce que par exemple nous écoutons les enseignements du Saint-Père ; nous prions également pour l’Eglise en détresse – comme dit un organisme bien connu – ou même nous cherchons à la soutenir financièrement ; nous participons à la messe du dimanche lors de nos voyages même lorsque nous ne comprenons pas la langue utilisée.

Plus proche de nous, il y a le diocèse. Nous ne prenons pas toujours assez conscience de notre appartenance à un diocèse, de notre lien avec l’évêque, alors que c’est un niveau essentiel de la structure de l’Eglise au service de la mission et de la communion. Certains événements nous en donnent tout de même l’occasion : la messe chrismale, les confirmations, une visite pastorale, les ordinations, une formation ou un événement diocésains. Le Denier de l’Eglise manifeste concrètement cette appartenance et notre responsabilité vis-à-vis de ce niveau de communion ecclésiale mais pour la plupart des fidèles, c’est sans doute la paroisse qui est le niveau auquel ils pensent naturellement. La messe dominicale est au cœur de la vie chrétienne et se vit le plus souvent en paroisse. Il y a aussi tous les services que la paroisse peut apporter à chacun, qui sont autant de lieux d’engagement pour les uns et les autres. Se mettre ainsi au service dans la paroisse, selon le quatrième essentiel, est un moyen très puissant de grandir et de vivre concrètement une vie plus communautaire. Cependant, il faut reconnaître que lorsque la paroisse est grande, ce qui est le cas chez nous, beaucoup de chrétiens, en ne participant à ce niveau qu’à la messe dominicale, ne font pas vraiment d’expérience communautaire. Est-ce que la paroisse n’est pas assez accueillante ? Est-ce que ce sont ces personnes qui ne demandent rien de plus que la messe ?

Quelles que soient les réponses à ces questions, il se trouve de toute façon qu’on ne peut pas avoir de vie communautaire quand la communauté rassemble par exemple plus de mille personnes. Il faut trouver et proposer des niveaux à taille humaine, des lieux où personne n’est anonyme ou perdu dans la masse. Si un frère est absent, s’il a un souci et besoin de parler ou qu’on prie pour lui, les autres doivent pouvoir s’en rendre compte et être là. Je n’ignore pas que certains ont la chance de pouvoir partager l’expérience chrétienne en famille. C’est une grande chance que de pouvoir prier ensemble, s’encourager, poser un regard chrétien sur le monde et chercher à vivre l’Evangile sous un même toit, mais ce n’est pas donné à tout le monde et même pour ceux-là, il y a un grand bénéfice à s’ouvrir à d’autres frères et sœurs. Ce qui est un enrichissement pour les familles est aussi un service d’autant plus important pour tous les fidèles plus isolés, soit parce qu’ils vivent seuls, soit parce qu’ils sont à peu près les seuls chez eux à vouloir vivre fondés sur le Christ.

Cette vie fraternelle à taille humaine est un des éléments précieux des cellules. En leur sein, comme ailleurs dans ce que peut proposer la paroisse, il est très souhaitable que nous soyons toujours attentifs à la qualité des relations interpersonnelles et à la place de chacun. Ces relations sont faites de rencontres, d’échanges gratuits, de services, de collaborations, de prières partagées, parfois aussi de corrections ou de débats, pourvu que l’amour soit la règle qui nous guide tous. « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35), nous dit le Seigneur. En repensant au psaume 132 (133), je demande à Dieu de vous bénir.

Questions pour la réflexion commune

  • Quels sont les lieux qui m’ont permis de faire une expérience de la communion des personnes et plus particulièrement entre personnes chrétiennes ?
  • Quels sont éléments qui permettent d’offrir cette qualité de communion des personnes ?
  • Quelle est ma propre responsabilité par rapport à la vie communautaire ?