Chers membres des cellules,
Après avoir porté notre attention sur la consécration en tant qu’elle est le cœur de la prière eucharistique et de toute la messe, je vous propose cette semaine de chercher à nous repérer dans la prière eucharistique elle-même. Vous savez sans doute que le missel en propose quatre. La première et la troisième sont recommandées pour le dimanche : ce sont donc a priori celles que le Peuple de Dieu entend le plus souvent. Comme les quatre comportent les mêmes éléments, je regarderai avec vous la troisième prière eucharistique, vous laissant découvrir par vous-mêmes les différences qu’elle a avec les trois autres canons de la messe (= autre nom pour dire “la prière eucharistique” ; tandis que les orientaux parlent “d’anaphore”).
La première phrase, depuis « Tu es vraiment saint… » jusqu’à « … une offrande pure. », s’adresse à Dieu le Père – comme toute la prière eucharistique – en confessant son action bienveillante en faveur des hommes. C’est dans la quatrième prière eucharistique que cette partie est la plus développée, nous ouvrant à l’action de grâce qui est le sens même du mot “eucharistie”.
A ce propos, nous ne redirons jamais assez que le sacrifice du Christ est un sacrifice d’action de grâce. La douleur et l’amertume de la Passion ont été infiniment dépassées par la conscience que le Fils a de l’amour de son Père et par son désir de l’aimer en retour en se consacrant parfaitement à faire sa volonté. Nous-mêmes devons veiller à ce que notre conscience des bontés du Seigneur soit toujours plus vive et nous permette de nous offrir joyeusement comme le Christ, par lui, avec lui et en lui, ainsi que le dit le prêtre dans la doxologie conclusive.
La partie suivante est la consécration, composée d’une prière sur les oblats dans laquelle est demandé ce qui va arriver immédiatement après, avec le récit de l’institution. Celui-ci comprend essentiellement les paroles de la Cène qui expriment :
primo, la présence substantielle du corps et du sang du Christ (« ceci est mon corps » ; « ceci est la coupe de mon sang ») ;
secundo, le sacrifice rédempteur (« livré pour vous » ; « versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ») ;
et tertio, le désir du Christ d’être reçu en communion (« Prenez, et mangez » ; « Prenez, et buvez »). Ces trois éléments – présence, sacrifice et communion – sont les éléments essentiels de la catéchèse sur l’Eucharistie. A propos de ces paroles, je n’oublie pas de vous dire un mot sur la dernière phrase qui nous dit clairement l’intention du Christ à cette heure où il entrait dans sa Passion : « Vous ferez cela en mémoire de moi. » Chez les Juifs, le mémorial n’est pas seulement un récit mémoriel du passé. Lorsqu’ils célèbrent la Pâque aujourd’hui, ils ont conscience de traverser la Mer Rouge et d’être sauvés maintenant. De même, pour nous, le mémorial qu’est l’Eucharistie actualise l’unique sacrifice du Christ vécu jadis sur le Calvaire et nous en distribue les bienfaits. Ce moment de la messe nous emmène au Vendredi Saint ou plutôt rend présent pour nous, à cet instant précis de la messe, l’amour du Fils de Dieu donnant sa vie pour nous sur la croix.
La partie qui suit la consécration est très importante et mérite d’être lue attentivement. Grâce à ce mémorial qui rend présent l’offrande salvatrice du Christ, l’Eglise peut présenter au Père « cette offrande vivante et sainte pour [lui] rendre grâce. » Dans le sacrifice de l’Eglise – c’est-à-dire celui de chacun de nous aussi qui est présent à telle messe, conscient de ce qui s’y passe et qui s’y associe –, dans le sacrifice de l’Eglise, donc, Dieu peut « reconnaître celui de [son] Fils ». Comme il l’a ressuscité dans la puissance de son Esprit, il fait de nous « un seul corps et un seul esprit dans le Christ ».
Les trois dernières parties sont ce qu’on appelle des mémentos (du latin “memento” qui signifie “souviens-toi”), c’est-à-dire des supplications qui comptent sur la fidélité de Dieu : mémento pour nous-mêmes dans la communion des saints ; mémento pour l’Eglise – notamment le Pape et notre évêque – et diverses demandes portées par l’assemblée ; et mémento pour les défunts.
En demandant à Dieu de vous découvrir toutes les merveilles du Sacré-Cœur, je vous bénis.