Nous continuerons dans le Catéchisme de l’Eglise catholique, avec après les béatitudes, cette joie de l’homme, ce bonheur de l’homme, lorsqu’il ose prendre le chemin du Thabor et recevoir les paroles de Vie de Jésus. Ce bonheur, notre vocation, c’est un bonheur que nous avons à choisir, à choisir librement, et c’est en même temps notre plus belle dignité et en même temps presque un scandale. Certains ont pu voir dans cette liberté de l’homme « le grand scandale ».
Dieu nous a créé effectivement libre avec les conséquences qui vont en découler. Mais cette liberté donnée par Dieu est la véritable conséquence de son amour. On ne peut pas forcer quelqu’un à aimer, et donc Dieu parce qu’il nous aimait, parce qu’il nous a créé par amour, nous a créé comme une personne douée de raisonnement, de liberté, pour prendre des initiatives ; pour être maître de nos actes, de nos paroles. Dieu a laissé l’homme « à son propre conseil » comme le dit le livre du Siracide (chapitre 15,14).
Liberté et responsabilité
Dieu permet que l’homme librement réponde à l’appel du Seigneur et donc à sa vocation. Souvent on a eu une fausse image de la liberté. Si vous posez la question, la plupart des personnes vous diront qu’être libre, c’est faire ce que l’on veut tant qu’on ne dérange pas les autres. Avec quelque chose d’assez limité comme principe puisqu’on peut très vite devenir esclave de mille et une manières sans déranger les autres, et dans ce cas l’on n’est plus libre. La liberté de l’homme atteint vraiment sa perfection lorsqu’elle est ordonnée à Dieu qui est notre vraie Béatitude.
Prenons un exemple que les jeunes comprennent très bien. Qui est le plus libre ? Mettez deux personnes dans un désert et dites à l’un : « Fais ce que tu veux, tu es libre ». Et à l’autre vous dites : « voilà une carte, une boussole pour te repérer. Sur la carte, j’ai mis les points d’eau et voilà la ville la plus proche. Si tu passes de ce point d’eau à ce point d’eau, tu sortiras vivant de ce désert. » Si vous posez la question à de jeunes adolescents, ils vous diront que celui qui est le plus libre c’est celui qui a la carte, la boussole et le plan pour sortir de ce désert. Oui effectivement, celui qui n’a rien peut toujours faire des galipettes dans le sable, très vite il verra la limitation et sa non-liberté. Il ne peut pas faire grand-chose.
Celui qui sait où il va, peut construire sa vie et vraiment être pleinement lui-même, peut pleinement vivre. Voilà la liberté pour laquelle nous sommes créés et Dieu nous donne sa Parole, Dieu nous donne l’Eglise aussi pour cheminer dans cette liberté, cette vraie liberté, cette perfection de la liberté qui est de répondre au projet de Dieu.
Souvent, on pose la liberté comme un choix entre le bien et le mal. N’oublions pas que le choix de la désobéissance et du mal, c’est un abus de la liberté. C’est la liberté blessée, ce n’est pas la vraie liberté. C’est la liberté sous l’esclavage du péché. Au ciel nous serons pleinement libres, et nous n’aurons pas le choix entre le bien et le mal. Nous serons pleinement libres parce que nous serons pleinement dans la perfection de notre vocation.
D’où l’importance de bien comprendre que la liberté n’est pas simplement un choix entre le bien et le mal, mais correspond au projet de Dieu pour nous et d’y répondre de tout notre être.
Au ciel nous serons pleinement dans la louange, dans la vérité de notre être. Cette liberté que Dieu nous a donnée avant même le péché, nous rend responsable effectivement des actes, des paroles, et de ce que nous allons faire. Pour cela, même si l’on sait que certains points diminuent notre liberté (l’ignorance, la crainte, les habitudes, les facteurs psychiques ou sociaux qui peuvent toujours, directement ou indirectement, nous rendre plus ou moins responsable), cette liberté, osons la vivre pleinement, même s’il y a une forme de combat, pour l’orienter vers le Seigneur. Rappelez-vous dans la genèse lorsqu’Adam pèche, il essaie de trouver une bonne raison : « ce n’est pas moi, c’est de la faute de l’autre ».
Dieu veut nous mettre dans la pleine lumière. Il ne cherche pas à nous accuser, à nous enfermer, mais il veut que nous puissions assumer, poser vraiment des actes en responsabilité, et assumer nos erreurs pour ainsi progresser.
Père Ronan Dyèvre