Quel est ce zèle de Josué qui dénonce à Moïse les deux anciens qui « prophétisent dans le camp » ? Dieu en effet avait lui-même demandé que « soixante-dix hommes parmi les anciens d’Israël » (Nb 11, 16) viennent « à la tente de la Rencontre » pour y recevoir « une part de l’esprit qui est sur [Moïse] » (v. 17) afin qu’ils « portent avec [lui] le fardeau de ce peuple ». Or, Eldad et Médad n’étaient pas venus à la convocation, mais « l’esprit reposa sur eux » également et ils prophétisèrent peut-être plus longtemps que tous les autres pour lesquels on nous dit que « cela ne dura pas ».
Josué semble avoir été jaloux pour Moïse de cet esprit et de cette charge reçus pourtant gratuitement et uniquement pour le bien du peuple. Dieu, lui, s’était finalement montré généreux audelà même de sa promesse. Cela, « l’Écriture l’a raconté pour nous avertir, nous qui nous trouvons à la fin des temps » (1Co 10, 11). Nous savons que Dieu a constitué « la sainte Eglise catholique » (cf. symbole des Apôtres) pour qu’elle soit le corps du Christ et que, conduite par l’Esprit Saint, elle prolonge sa mission dans le monde. Pourtant, nous devons le reconnaître et nous en réjouir : il se fait du bien en dehors de ses limites visibles. Au lieu d’avoir un zèle mal placé, chacun de nous peut se dire qu’il y a ailleurs plus généreux, plus fervent ou plus humble que lui. Qu’il en rende grâce à Dieu et lui demande plus instamment la grâce de la conversion pour que lui-même et toute la sainte Eglise soient plus dociles à l’Esprit Saint et plus fidèles à ce qu’il attend de nous.
Abbé Bruno Bettoli+