J’ai soif !
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Dans l’évangile selon saint Jean, l’avant-dernière parole du Christ en croix est : « J’ai soif » (19, 28). Soif bien compréhensive pour un homme cloué sur une croix pendant plusieurs heures et qui n’avait peut-être rien bu depuis la veille au soir. L’eau, il fallait aller la puiser. Inutile d’en gaspiller en en donnant à un condamné à mort.

Mais cette parole a évidemment un sens beaucoup plus profond. Quelle est donc cette soif de Jésus ? Nous pouvons déjà l’entrevoir à l’occasion de sa rencontre avec la « femme de Samarie » et la préface de ce dimanche la décrit ainsi : « En demandant à la Samaritaine de lui donner à boire, Jésus faisait à cette femme le don de la foi. Il avait un si grand désir d’éveiller la foi dans son coeur, qu’il fit naître en elle l’amour de Dieu. » Ailleurs, Jésus le dit lui-même : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12, 49). Ici, la soif semble laisser la place à un feu dévorant qui habite le coeur de Jésus et qu’il brûle de partager à tous les hommes puisque depuis longtemps, la charité s’est refroidie en eux.

Parce qu’il est Dieu, parce qu’il est Amour, Jésus, au milieu de nous, n’est que soif de donner à boire aux assoiffés que nous sommes. Car nous-mêmes, de notre côté, nous sommes assoiffés de Dieu, assoiffés d’être aimés, parfaitement, pour ce que nous sommes. C’est ainsi que le Père aime le Fils et c’est ainsi que, de plus en plus, avec l’aide de Jésus, nous nous découvrons aimés du Père.

Une nouvelle soif apparaît alors en nous : une soif qui ressemble à celle de Jésus.

Abbé Bruno Bettoli+