Homélie du dimanche 29 novembre …Veillez !
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« Veillez ! » Cet appel du Christ retentit pour ouvrir une nouvelle année liturgique. V eiller parce que quelqu’un doit venir et ce quelqu’un, c’est lui-même. Il est « celui qui vient » (Ps 117, 26).

Nous savons qu’il est venu, il y a deux mille ans dans l’humilité de l’Incarnation et qu’il viendra dans la gloire, pour juger et rendre à chacun selon ce qu’il aura fait, même si nous ne connaissons ni le jour, ni l’heure. Et nous savons aussi qu’il ne cesse de venir, ressuscité et ayant reçu autorité sur toutes créatures. Si nous veillons, c’est non seulement pour être prêt à nous tenir debout quand il viendra à la fin des temps mais aussi pour ne pas manquer toutes ces venues, à chaque instant de notre vie, à chaque décision qui peut être pour ou contre le Royaume, à chaque conversion pour laquelle nous avons tant besoin de sa grâce. Il vient ; mais qui est-il ? Qui est celui qui vient ? C’est grâce à sa venue dans la chair que nous pouvons répondre à cette question et que nous le connaissons. Le Verbe, le Fils s’est rendu visible à nos yeux et nous n’aurons pas trop de quatre semaines pour nous prépa- rer à célébrer un si grand mystère. Pour résu- mer qui il est, nous pouvons simplement dire, avec notamment saint Jean-Paul II, que Jésus est « l’homme pour les autres » (Redemptoris Missio, §17). Avec l’aveugle, la prostituée, le lépreux, le publicain, avec Pierre, Judas, Pilate et le bon larron, il est toujours « pour les autres ». Et c’est en particulier à l’heure de sa Passion qu’il a été ainsi, pour son Eglise à venir et pour tous les hommes.

Frères et sœurs, c’est la raison profonde de notre présence à la messe aujourd’hui encore, parce que la messe nous donne cette heure de Jésus et nous le rend présent en même temps que son offrande au Père en notre faveur. Sans la messe, nous avons pu écouter la Parole seul, en famille ou avec quelques frères dans la foi; nous avons pu recevoir la sainte Communion en dehors de la messe. Mais, il nous manquait encore l’irremplaçable mémorial, institué par Jésus. Si les polémiques récentes entre catholiques pouvaient au moins servir à rappeler à tous que la messe, c’est surtout le sacrifice du Christ. La Parole nous prépare à y être présent, tandis que la Communion nous en donne l’auteur et le fruit mais le sommet de la messe, c’est le Golgotha. Quand nous entendons le prêtre qui redit sur le pain que nous lui avons apporté : « Ceci est mon corps livré pour vous. », nous adorons celui qui est pour nous et pour tous les hommes.

En reprenant les dernières paroles de la lecture d’Isaïe et de l’épître, nous comprenons que si le Christ est venu être au milieu de nous« l’homme pour les autres », c’était pour se donner une « Eglise pour les autres » (ibid.) et pour que chacun d’entre nous, fils et filles de cette Eglise, nous vivions de plus en plus« pour les autres ». Réécoutons le prophète :« Seigneur , c’ est toi notre père. Nous sommes l’ argile, c’ est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main. » Cette main, c’est son Verbe qui nous façonne ou refaçonne à son image. Réécoutons l’apôtre :« Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur. » Cette communion à son Fils, c’est bien pour devenir de plus en plus ce que nous sommes en vivant toujours davantage « pour les autres ».
N’est-ce pas de cela dont ont besoin les époux, nos familles, nos quartiers, notre ville, notre pays ? Je dirais même notre économie en pensant aux recherches des Focolari pour une économie de communion où le chef d’entreprise travaille pour ses fournisseurs et ses clients et non pas uniquement pour son bénéfice, ses actionnaires et son salaire. Des êtres « pour les autres », n’est-ce pas ce dont notre société a besoin ? C’est peut-être ce qui s’est dit ces deux derniers jours aux Semaines Sociales de France. La France n’a pas besoin de catholiques “identitaires” ou de catholiques “sécularisés”, pour utiliser des caricatures que nous nous envoyons à la figure ; elle a besoin de catholiques qui se laissent façonner et animer par celui est « l’ homme pour les autres». Et finalement, elle a besoin du Sauveur, elle a besoin de Jésus, tout comme le monde entier. Ce programme ne pourrait-il pas réconcilier les uns et les autres, pour qu’ils se tiennent ensemble à genoux devant le Christ qui se donne dans l’Eucharistie et à genoux devant leurs frères pour leur laver les pieds ? Ce rappel ne pourrait-il pas aider chacun à mieux comprendre la position de l’autre qu’il risque de condamner : la position de tel évêque ou de tel autre, de tel prêtre ou de tel autre, de tel fidèle ou de tel autre ? Frères et sœurs, nous qui sommes ici aujourd’hui et dans quelques minutes réunis autour de l’autel de la croix, laissons-nous transformer par l’Esprit de notre Père à la ressemblance de son Fils qui vient maintenant jusqu’à nous et pour nous.