De la théorie à la pratique
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Une chose est de connaître le code de la route, autre chose de respecter les feux et les limitations de vitesse. Une chose est de « prétendre avoir la foi », autre chose de « la mettre en œuvre ». Une chose est de confesser que Jésus est « le Christ », autre chose d’accepter « qu’il souffre, soit rejeté, tué et ressuscité », surtout qu’en tant que disciple, il va falloir « renoncer à soi-même, prendre sa croix et le suivre », autrement dit « perdre sa vie à cause de lui et de l’Evangile ».
Dans ces trois situations, c’est toute la différence entre la théorie et la pratique mais l’enjeu existentiel est bien plus grand lorsque Notre-Seigneur précise qu’il s’agit finalement de perdre ou de sauver sa vie. C’est donc sur la difficulté éprouvée par Pierre qu’il nous faut nous attarder.
Il me semble qu’elle est triple. Premièrement, il est bien difficile d’accepter que le Christ, envoyé par Dieu et conduit par son Esprit, doive ainsi faire l’expérience de la Passion et partant de ce qui apparaît évidemment comme un abandon par Dieu. Deuxièmement, il y a une résistance en nous pour reconnaître le « il faut » du mystère pascal, étant donné qu’il est aussi une mise en lumière de la gravité de notre défiance et de notre opposition à Dieu. Troisièmement, c’est le risque de la sequela Christi, le prix à payer de l’amour rédempteur auquel Dieu nous fait la grâce de nous appeler à participer. Ce constat ne rend pas la foi inutile ou négligeable. Au contraire, en nous faisant connaître l’amour et les pensées de Dieu, elle nous conduit à la vie… tant qu’elle n’est pas elle-même « bel et bien morte ».

Abbé Bruno Bettoli +