Chers frères et sœurs,
Puisque cet entretien sera le dernier avant les vacances d’été, je voudrais vous encourager à ne pas laisser ce temps être une sorte de parenthèse dans votre vie chrétienne. Chacun de vous vivra cette période de manière différente suivant sa situation familiale, son état de santé ou sa situation professionnelle. Une chose cependant vous sera certainement commune : l’arrêt temporaire, à un moment ou à un autre, de vos rencontres hebdomadaires dans le cadre des cellules. D’autres activités cesseront sans doute et le cadre paroissial notamment va très vite changer de physionomie et de rythme et devenir, de ce fait, beaucoup moins porteur.
L’Esprit Saint, en tout cas, ne prend jamais de vacances. Cela ne signifie pas que nous ne devrions pas profiter d’un temps de vacances et de repos. Cela signifie simplement que, même en vacances, nous restons des enfants de Dieu. Dieu ne cesse pas de nous aimer, de s’intéresser à nous et d’être inquiet – si l’on peut dire – de notre âme. Il n’y a pas de pause pour vivre, pour aimer, pour grandir et pour apprendre à mieux répondre à l’appel à la sainteté. Chacun de nos actes est une forme de réponse – positive ou négative – au projet de Dieu sur nous et d’ailleurs, le repos lui-même est aussi voulu par Dieu et peut donc être vécu pour lui et avec lui, en l’aimant et en vue de mieux l’aimer.
La première chose à faire est donc de rester établis dans notre choix de vivre en enfant de Dieu. Le double commandement de l’amour ne saurait connaître la moindre éclipse. L’amour de Dieu et du prochain dont « dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes » (Mt 22, 40) sont au cœur de notre chemin de vie. Le cadre et les moyens pour les vivre peuvent changer mais notre appel à les pratiquer ne varie pas. Des difficultés peuvent apparaître, des soutiens peuvent disparaître mais l’orientation fondamentale de notre vie par rapport à Dieu, à son Christ et à son Evangile ne saurait être dépendante de cela. D’ailleurs, si nous sommes attentifs et si nous faisons de bons choix, nous pourrons au contraire trouver des occasions favorables : une retraite, une session, une lecture, la nature, du temps à mettre à profit, des rencontres, d’autres communautés chrétiennes, etc.
Ne laissons pas les fondamentaux, à commencer par la messe dominicale. Est-elle vitale pour nous ou ne l’est-elle pas ? Il y a aussi la prière personnelle quotidienne qui n’a pas a priori de raison de disparaître, même si son cadre et sa forme peuvent et même doivent être réévalués selon les temps que nous aurons à vivre. Le silence pourrait bien trouver plus de place. La louange et l’action de grâce n’ont pas de raison d’être oubliées. La Parole de Dieu reste « la lumière de [nos] pas, la lampe de [notre] route » (Ps 118, 105) et « le pain dont nous avons besoin pour chaque jour » (Lc 11, 3).
Soyons attentifs à ceux qui nous entourent, qu’ils soient ceux avec qui nous vivons tout au long de l’année, ceux qui nous sont proches par les liens familiaux ou amicaux mais que nous avons peu d’occasions de voir ou encore de parfaits inconnus que nous allons rencontrer de manière fugace ou plus durable. Pour ceux que nous connaissons, le cadre différent sera une occasion favorable pour leur dire ce qu’on n’a pas toujours eu le temps, la délicatesse ou le courage de leur dire, une occasion pour les entendre, pour faire ou tout simplement pour être avec eux. Quant aux nouveaux visages, sachons les accueillir, nous laissant étonner et déplacer par eux. L’amabilité, l’accueil, le sourire sont toujours de mise. Les occasions de témoigner de l’amour de Dieu et de notre foi sont aussi à saisir, si l’on en a la disponibilité de cœur. Pourquoi ne diriez-vous pas à Dieu que vous resterez disponibles à ses inspirations tout au long de cet été pour saisir les occasions de lui rendre témoignage ?
Enfin, je vous recommande la vigilance qui est de mise pour que votre repos soit l’occasion d’une véritable restauration et non pas d’un laisser-aller abrutissant ou même avilissant. Le bien nous fait du bien et lorsqu’il nous coûte un peu de forces, il finit par nous en rendre bien plus. Pour que vous viviez un sain et saint été, unis les uns aux autres dans l’amour, je vous bénis.