Comment annoncer l’Evangile ? avec Evangelii Nuntiandi (3)
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Chers membres des cellules,

La semaine dernière, nous avons cherché à contempler le Christ Jésus, envoyé par le Père et dont la vie était toute orientée et unifiée par le désir d’annoncer l’Evangile aux hommes, ses frères. Rien d’étonnant puisqu’il est non seulement le Fils mais aussi le Verbe, la Parole de Dieu, Parole adressée par amour à tous ceux qu’il avait créés à son image.

Il peut en être de même pour chacun de nous. Puisque la Parole de Dieu a pu se faire homme, il ne fait aucun doute que chaque homme peut se faire ‘’parole de Dieu’’, c’est-à-dire révéler quelque chose du mystère de Dieu, en étant une parole de vérité et d’amour. Nous pouvons même prendre conscience que c’est notre vocation à tous. Nous ne sommes pas sur terre pour être des ‘’paroles du Diable’’ mais  des ‘’paroles de Dieu’’, l’écho le plus fidèle possible à l’unique Parole de Vie que le Père exprime éternellement et a daigné envoyer  dans le monde, non pas pour que le monde soit jugé mais pour qu’il soit sauvé (Jn 3,16).

Comme dans le jardin d’Eden, deux voix se font entendre dans le monde. La première, la parole primordiale qui soutient le monde et lui donne sans cesse vie, est la Parole de Dieu (cf. Gn 2). La seconde, qui cherche à s’immiscer partout même sous des apparences trompeuses, à tout corrompre, est celle du Diable (cf. Gn 3) qui est menteur et homicide depuis le commencement du monde (Jn 8,44).

Tout homme, disions-nous, est vocation à être ‘’parole de Dieu’’ et tout homme peut l’être ou s’en rapprocher sans être chrétien. Mais les chrétiens sont ceux qui ont reconnu cette Parole inouïe qui est le Christ, « plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14), et qui donne « à tous ceux qui l’ont reçue […] de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12), autrement dit de pouvoir exprimer l’amour et la vérité qui sont Dieu. Nous le constatons, il est possible d’être inscrit sur des registres de baptême et de vivre comme tout le monde mais pensons à l’Apôtre Paul qui nous dit : « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1Co 9,16). Oui, il est impossible d’avoir vraiment rencontré le Christ et de ne pas apprendre petit à petit à parler sa langue qui est langue de Dieu, manifestant sa bonté et sa sagesse, ni de brûler du désir de faire résonner la Parole dans tous les cœurs humains. Sans aucun mérite de notre part, nous recevons tout ce qu’il faut, dans la relation vivante avec le Christ, dans l’écoute de sa Parole, dans la mise en œuvre de ses commandements, dans la réception fructueuse de la grâce des sacrements – en particulier la pénitence et l’eucharistie – oui, nous recevons tout ce qu’il faut pour apprendre cette langue et, selon notre personnalité, nous exprimer avec.

Puisque telle est la vocation reconnue et vécue de tout chrétien réveillé, telle est aussi – et d’abord –la vocation de la sainte Eglise de Dieu. Telle est sa nature-même. En accueillant l’Evangile et en le vivant, même avant de le proclamer et de l’enseigner, l’Eglise est évangélisatrice. Et si cela ne se voit pas, c’est qu’elle est malade en beaucoup de ses membres. Heureusement que Dieu, dans sa miséricorde, ne l’abandonne jamais et suscite en elle toujours de nouveaux germes de sainteté. Mais comme les Eglises de l’Apocalypse (Sardes par exemple, selon Ap 3,1-6), chaque communauté peut avoir ses maladies, chaque paroisse, chaque cellule même.

Aussi, je vous invite à prier pour notre paroisse et pour votre cellule particulièrement en vous demandant ce que vous dit l’Esprit de Dieu qui nous appelle sans cesse à la conversion. Quelles sont nos maladies individuelles ou communautaires ? Qu’est-ce que nous ne faisons plus ? Qu’est-ce qui rend inaudible la Parole de Dieu à partir de nous ?

En rendant grâce à Dieu pour tous les dons que vous avez reçus et en le suppliant de vous renouveler sans cesse dans la grâce de son Esprit vivifiant, je vous bénis.

Abbé Bruno Bettoli