Ceci est mon corps
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Le printemps de cette année s’est manifesté avec le soleil et la chaleur. La manière de s’habiller a donc changé allant des habits qui couvrent le corps aux habits qui l’exposent.  

Le corps prend de plus en plus d’importance à notre époque. Un corps parfait, bien fait qu’on est fier de montrer est de plus en plus une exigence devenue normale. Perçu comme un bien propre dont on peut disposer et modifier à sa guise, le corps occupe aujourd’hui l’imaginaire de tous et constitue un outil puissant de communication et malheureusement aussi un objet de marchandisation. Le rapport au corps pourrait être un vrai sujet de réflexion quand on pense à la phrase de Jésus à la veille de sa mort : ‘‘Ceci est mon corps, prenez et mangez.’’

A travers l’histoire, l’art, la culture, le rapport au corps s’est manifesté de diverses façons. La renaissance a voulu montrer le corps dans sa beauté comme œuvre du divin. Et en ce sens, elle a changé le rapport à la nudité. Une nudité qui ne doit pas rendre vulgaire et indécent mais plutôt digne et noble car la décence et la pureté ne sont pas seulement dans la manière de se présenter au monde mais aussi dans la manière de regarder le monde.   

Le corps est le moyen de la présence au monde. Mon corps, c’est moi. Indépendamment de sa grâce ou de sa disgrâce, le corps, c’est la personne dans sa dignité. Saint Paul enseigne que le corps est le temple du Saint Esprit. Le corps est un bien propre et inaliénable mais aussi et surtout un bien reçu de Dieu que nous devons à mon avis aussi aux autres. Les mariés vivent cette réalité. Ils se sont dit : je te reçois et je me donne à toi. C’est une phrase très sérieuse qui signifie le don total non seulement d’une chair mais d’un corps, d’une personne. Le prêtre, comme les personnes consacrées, vit aussi la réalité contenue dans cette phrase terrible : ‘‘Ceci est mon corps, prenez et mangez’’. Car ce qui est donné ne nous appartient pas et dans le même temps, on n’est pas toujours sûr que celui à qui on le donne a assez conscience de combien cela nous a coûté. 

Le rapport au corps doit ramener à l’humilité et la gratitude, la générosité, la décence, bref, au respect de Dieu, de sa création et de son dessein d’amour pour chacun. Le corps, avant d’être un dû, est un don.    

Abbé Elzéar Adounkpe +