Dans la dernière partie du sacrement du baptême, il y a la Prière du Seigneur, la Prière du ‘’Notre Père’’. Cette Prière, nous le savons, est au cœur de notre Foi. Nous la disons le jour du baptême des enfants en rappelant notre baptême, notre propre chemin de Foi, qui nous conduira jusqu’à la Confirmation et au Sacrement de l’Eucharistie.
Nous voyons dans l’Évangile de Saint Luc au chap. 11, 1 : Un jour quelque part, Jésus priait. Quand il eut fini l’un de ses disciples lui demanda : « Seigneur apprends-nous à prier ». Et c’est en réponse à cette demande que le Seigneur confie à ses disciples et à son Eglise, la Prière chrétienne fondamentale.
Si vous lisez l’Évangile, vous remarquerez que Saint Luc donne un texte plus bref que Saint Matthieu, avec 7 demandes chez saint Matthieu et c’est saint Matthieu que la tradition liturgique gardera pour notre prière au cours de nos offices. Cette prière, on l’appelle aussi l’Oraison dominicale ; dominicale : Dominus, la Prière du Seigneur. C’est vraiment sa prière.
1) Tertullien, qui est un des Pères de l’Église des premiers siècles, nous dit :
‘’L’oraison dominicale est vraiment le résumé de tout l’Évangile.’’ Et il ajoute aussi : ‘’ Quand le Seigneur nous eut légué cette formule de prière, Il ajouta : ‘’ Demandez et vous recevrez ‘’. Ainsi chacun peut adresser au ciel diverses prières mais en commençant toujours par la Prière du Seigneur qui demeure la Prière fondamentale. Cette prière, elle est au cœur des Écritures. Cette Prière, dans Saint Matthieu, elle est dite au commencement du Sermon sur la Montagne. Or ce Sermon sur la Montagne est vraiment le sommet de l’enseignement de Jésus répondant au don de la Loi, au don des dix commandements. Quand Jésus conduit ses Apôtres, il va donner les Béatitudes, il va donner une règle de vie en quelque sorte, et, au cœur de cette annonce, il y a la Prière du Notre Père.
Saint Thomas d’Aquin dit : ‘’ L’Oraison dominicale est la plus parfaite des prières. En elle, non seulement nous demandons tout ce que nous pouvons désirer avec rectitude mais encore selon l’ordre où il convient de le désirer, de sorte que cette prière non seulement nous enseigne à demander mais elle forme aussi toute notre affectivité.’’ Ce qui veut dire que cette prière au cœur des Écritures nous oriente et nous aide aussi à comprendre et à former toutes nos autres prières. C’est une bonne question à se poser : Comment la Prière du Notre Père m’aide à formuler ma prière quotidienne, comment je l’oriente dans ses demandes de pardon, dans ses recherches de la volonté de Dieu, etc. On en reparlera.
2) Nous voyons que la Prière du Notre Père est au centre, au cœur de la relation trinitaire. En effet, c’est la Prière de Jésus à son Père. C’est assez émouvant de se dire que Jésus lui-même a pu s’adresser au Père avec ces mots-là. Et l’on voit bien que lorsque nous le disons, nous rentrons dans l’attrait de Jésus, nous demandons à l’Esprit Saint de nous faire prier. Rappelez-vous cette citation de Saint Paul dans la lettre aux Galates, au chap. IV, 6 : ‘’ C’est l’Esprit qui nous fait nous écrier : Abba, Père ! C’est l’Esprit Saint qui nous permet de reconnaître en Dieu, notre Père. Abba, c’est même fort, c’est Papa. Et donc, nous rentrons au cœur de cette relation trinitaire.
3) C’est la Prière qui est au cœur de l’Église. Dans la tradition juive, trois fois par jour, on disait dix-huit bénédictions et on se rend compte, dans les textes qu’on a retrouvés de la première communauté chrétienne, qu’ils avaient remplacé ces dix-huit bénédictions par trois temps de prière et en particulier trois Notre Père. On retrouve cela encore aujourd’hui dans la prière de l’Église, qu’on appelle la Prière du bréviaire, dit par les religieux, par les prêtres, par les consacrés, mais qui pourrait être dit par tout baptisé. A la prière des Laudes, à la prière des Vêpres, et dans la messe quotidienne, nous disons la prière du Notre Père. Vous remarquerez qu’on ne dit pas « mon Père qui es aux cieux » mais on dit Notre Père. La prière du Notre Père nous relie à toute l’Eglise. Même si vous êtes seul dans votre chambre à prier, vous dites ‘’Notre Père’’, comme si toute l’Eglise était là autour de vous. Et il est bon de prendre conscience de cela, de cette communion qui nous unit, qui nous relie, et effectivement, en tant que membres du Corps du Christ, nous sommes tous en interdépendance, chacune de mes prières me relie à tout le Corps du Christ. Dans les étapes du baptême, à un moment donné, il y a la réception du Notre Père. On pourrait se dire : c’est étonnant, les catéchumènes connaissent par cœur le Notre Père, pourquoi, tout à la fin de leur cheminement, on leur donne solennellement la Prière du Notre Père. C’est bien pour dire que cette Prière du Notre Père, c’est aussi une mission de l’Église, c’est l’Église qui nous confie la mission de prier, d’intercéder à la manière de Jésus. Au cœur de notre prière ecclésiale, nous disons ensemble le Notre Père.
En conclusion, je vous invite cette semaine, à le redire en pensant à cela, à cette Prière qui nous relie, cette Prière qui nous met au cœur de la relation trinitaire, cette Prière résumé de toute l’Écriture. Eh bien voilà, disons-la en priant pour l’Unité, puisque tous nos frères chrétiens, protestants, orthodoxes disent aussi la prière du Notre Père.
Prions pour l’Unité en disant cette prière, confions au Seigneur l’unité entre nous et puis la semaine prochaine, je développerai les différentes prières à l’intérieur de cette Prière du Notre Père.
Bonne semaine à tous !
Père Ronan Dyèvre.