« À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien » (1Co 12, 7)
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Dans la première lecture, Moïse se trouve découragé en raison du « fardeau de tout ce peuple » qu’il est seul à « porter » (Nb 11, 11.14). Dieu entend alors partager l’esprit placé sur son serviteur pour le mettre aussi sur soixante-dix anciens (v. 17). Là se place notre récit. L’effusion a lieu sur eux tous, et même sur Eldad et Médad qui n’étaient pas venus au rendez-vous fixé près de la Tente. Voici qu’ils prophétisent dans le camp. Tandis que Josué, jaloux, demande à Moïse de les en empêcher, celui-ci fait plutôt le vœu que Dieu répande son esprit sur tout son peuple. Et voilà ce qui se réalise chaque jour dans l’Eglise depuis la Pentecôte (cf. Ac 2) selon la prophétie de Joël (cf. Jl 3).


L’enseignement est salutaire à l’heure où le Pape veut promouvoir la synodalité et lutter contre le cléricalisme, mais, pour que cela soit fait avec sagesse, ne négligeons pas de considérer l’épisode du chapitre suivant, lorsque Myriam et Aaron ayant critiqué Moïse et prétendu pouvoir tout faire comme lui sont sévèrement repris par le Seigneur. Lus ensemble, ces deux textes aident en effet à comprendre l’articulation entre les sacerdoces baptismal et ministériel, comme entre le sensus fidelium et le charisme d’enseignement du Magistère ; la participation des baptisés à la liturgie qui ne sont pas de simples spectateurs sans avoir à faire ce qui revient au prêtre, ou encore la part que tous peuvent et doivent apporter à la vie et à la mission de l’Eglise sans que le rôle et les pouvoirs spécifiques des clercs s’en trouvent dissouts.


N’est-ce pas là l’enseignement même de la première lettre aux Corinthiens au chapitre douzième ? Nous aurons profit à le relire.

Abbé Bruno Bettoli +