Jean le théologien 2
195 - Cellules paroissiales d’évangélisation - Viroflay - 21 novembre 2011
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Jean le théologien 2

On a vu, la semaine dernière, que le titre de Verbe était un nom divin de Jésus : un nom qui permet de parler de lui avant son incarnation.
Jean s’inspire certainement d’un passage du livre d’Isaïe, où la parole de Dieu est personnifiée : Dieu l’envoie en mission sur la Terre pour changer le cœur des hommes. Pour Isaïe, comme pour ses auditeurs, il est évident que la parole de Dieu n’est pas une personne. C’est un langage allégorique.
“De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j’ai voulu et réalisé sa mission.” (Is. 55,10-11)
Mais Jean a connu Jésus, il a vécu auprès de lui pendant trois années. Même s’il s’inspire du livre d’Isaïe, pour lui, le Verbe ou la Parole n’a plus rien d’allégorique : c’est la Personne de Jésus. Lui aussi a été envoyé par le Père, et chacune de ses paroles est une parole de Dieu.
Jean s’inspire également du récit de la création dans le livre de la Genèse : “Dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fut.” (Gen. 1,3)
Ce texte veut dire que la création du monde n’est pas une œuvre laborieuse… Dieu n’a qu’une parole à dire pour que tout existe.
L’auteur du livre de la Genèse, au VIe siècle avant Jésus, ne savait rien des trois personnes divines. Pour lui la parole créatrice n’est pas une personne… c’est une parole de Dieu tout simplement
Mais Jean fait une sorte de réinterprétation du livre de la Genèse.
En identifiant Jésus avec la parole créatrice, il veut nous faire comprendre sa relation avec le Père et sa nature divine.
Il veut nous dire que Jésus de Nazareth, l’homme qu’il a connu en Palestine, n’est autre que le Verbe, ou la Parole créatrice.
L’Évangile de saint Jean commence par ces mots : “Au commencement était le Verbe.” (Jn 1,1)
C’est intentionnellement qu’il reprend les premiers mots du livre de la Genèse : “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.” (Gen. 1,1)
Mais Jean pense à un autre commencement, bien avant la création du monde : il pense au commencement éternel du Verbe de Dieu.
Puisque certains parmi vous sont très savants en théologie, ils feront sans doute remarquer que l’éternité n’a pas de commencement.
Saint Jean devait s’en douter… mais il parle le langage de la Bible.
Dès la première ligne de son Évangile, il veut nous dire que le Verbe vient du Père, puisque tout vient du Père… mais qu’il vient du Père avant la création du monde : il vient du Père éternellement.
Dans son dernier discours, Jésus dira : “Maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de cette gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde ait existé.” (Jn 17,5)
Au commencement était le Verbe,
et le Verbe était auprès de Dieu. [c’est-à-dire, auprès du Père : o Théos]
et le Verbe était Dieu. [il est de même nature que le Père]
Il était au commencement auprès de Dieu. [auprès du Père] (Jn 1,1-2)
Le mot “Dieu”, dans le Nouveau Testament, ne désigne jamais les trois personnes indistinctement. Les noms divins dans le Nouveau Testament désignent toujours l’une ou l’autre des trois personnes.
Le titre de “Seigneur” est parfois donné au Père, et parfois au Fils.
Le titre de “Dieu”, la plupart du temps, est réservé au Père… mais quelques passages du Nouveau Testament disent que le Fils est Dieu.
Dans ces versets on a trois fois le mot “Dieu”, deux fois pour parler du Père, et une fois pour dire que le Verbe, lui aussi, est Dieu.
Parce qu’il est Dieu, comme le Père, le Verbe est créateur de tout ce qui existe. Rien ne peut exister sans être créé par lui :
Tout, par lui, a été fait [comme le Père, il est créateur de l’univers]
et rien de qui a été fait n’a été fait sans lui. (Jn 1,3)
Il ne fait pas partie des créatures : il est du côté du Créateur.
Le Père, qui lui a tout donné, lui a donné d’être créateur de l’univers.
Il n’y a pas d’affirmation plus forte de la divinité du Fils. Non seulement, il est éternellement auprès du Père, mais il est créateur avec le Père.
Quand on comprend la grandeur divine de Jésus, on comprend pourquoi il est venu à nous avec tant de discrétion et de délicatesse.
Il n’est pas venu comme un puissant, parce que la puissance des hommes est dérisoire à côté de la grandeur divine.
Il n’a pas voulu nous faire peur, parce que ce qu’il attend de nous, c’est notre amour… et il nous laisse libres de frapper à la porte et d’entrer auprès de lui.
Frères et sœurs, que le Seigneur vous bénisse, vous qui avez fait la rencontre du Christ.
JC.P.