“Peuple de sacerdotes”
Dominicales n° 616 - 15 mai 2011 - Quatrième dimanche de Pâques (Année A)
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“Peuple de sacerdotes”

La lettre de Pierre s’adresse à des communautés nouvellement converties. Il leur dit : “Vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes revenus vers le Berger qui veille sur vous.” Comme beaucoup de nos contemporains, ils étaient sans repères.
Le monde grec et romain était presque aussi corrompu que notre société actuelle.
Ce berger qui veille sur ses brebis, vous le devinez, ce n’est pas Pierre !
Pourtant Jésus lui avait dit : “Tu seras le pasteur de mes brebis.” Il l’avait dit par trois fois, affirmant avec une insistance et une solennité exceptionnelles que Pierre devenait le pasteur du troupeau dans son ensemble.
Mais, en même temps, Pierre sait que Jésus reste le vrai Pasteur. Jésus lui a dit : “Tu seras le pasteur de mes brebis” : les brebis du Christ. Jésus est le pasteur véritable : les brebis lui appartiennent. Pierre n’est pasteur qu’en étant au service de
l’unique Pasteur.
La vocation des Apôtres et de leurs successeurs est un service, c’est-à-dire un ministère ; ils seront des ministres : des serviteurs de la Parole et des Sacrements.
On chante quelquefois : “Peuple de prêtres” : c’est une grosse erreur de traduction. Il faut chanter : “Peuple de sacerdotes”.
Dans l’Ancien Testament, les sacerdotes étaient les hommes consacrés à Dieu. C’était une tribu restreinte : eux seuls avaient le privilège d’offrir les sacrifices, eux seuls pouvaient s’approcher de Dieu dans le Temple de Jérusalem.
Dans l’Église, les sacerdotes ne sont pas les prêtres. Tous les baptisés sont des sacerdotes, et les prêtres sont à leur service : au service de la Parole et des Sacrements. Dans le Nouveau Testament, toute l’Église est devenue un peuple sacerdotal. Le peuple
de Dieu tout entier est consacré à Dieu : tous sont devenus proches de Dieu. Chaque baptisé est plus proche de Dieu que le Grand sacerdote quand il entrait, une fois par an, dans le Saint des Saints du Temple de Jérusalem.
On voit que le plus important n’est pas la prêtrise, mais le sacerdoce. L’important, c’est d’être en contact avec Dieu par le Baptême et par l’Eucharistie : c’est pourquoi vous êtes là chaque dimanche.
L’Église, ce n’est pas d’abord la hiérarchie : les prêtres et les évêques. L’Église, c’est le Peuple de Dieu : le peuple sacerdotal.
Mais, on voit aussi que les prêtres sont nécessaires au service du Peuple de Dieu. Ils sont les ministres, c’est-à-dire les serviteurs des Sacrements. C’est un rôle irremplaçable : seuls les successeurs des Apôtres peuvent avoir une telle mission.
C’est un rôle qui peut faire peur. On se dit : “Je ne serai pas digne de célébrer l’Eucharistie… Je ne serai pas digne de pardonner les péchés.”
En fait, c’est un rôle de service à l’état pur, c’est pourquoi le Seigneur le confie à des gens très ordinaires. Un prêtre ne prend pas la place du Christ : il n’a pas le pouvoir de donner la grâce à la place du Christ. Son seul pouvoir est d’être le signe ou
le garant de la présence et de l’action du Christ. Saint Augustin disait : “C’est le Christ qui baptise” … c’est lui qui pardonne… c’est lui qui se rend présent dans l’Eucharistie.
Le prêtre est le garant de cette présence du Christ et de son action dans le cœur des hommes.
Mais sa première mission, comme le rappelle le concile Vatican II, c’est le service de la Parole. Cela aussi peut faire un peu peur. On se dit : “Moi, je n’ai pas de message personnel.” Mais rassurez vous : le Christ ne nous demande pas d’avoir un message
personnel, il nous demande d’être le plus possible fidèles à sa parole. Plus on sera fidèle, plus son Esprit pourra toucher les cœurs et les aider à faire la rencontre du Christ.
JCP