La lecture du livre de Sophonie nous fait comprendre à qui s’adresse l’Évangile des béatitudes.
C’est un texte très actuel, dans la mesure où il dénonce la corruption : que ce soit la corruption des mœurs ou la corruption par l’argent.
Sophonie considère comme des privilégiés de Dieu ceux qu’on appellera les “humbles ou les pauvres de Yahvé”.
C’est le message qu’on retrouve dans la première béatitude : celle des pauvres de cœur. (Mt 5,3)
“Israël, je ne laisserai subsister au milieu de toi qu’un peuple petit et pauvre qui aura pour refuge le nom du Seigneur.”
Ces paroles concernent le retour à Jérusalem, après la déportation à Babylone. Au début du VIe siècle, Jérusalem avait été détruite et le royaume de Juda avait disparu, et le “Petit reste” d’Israël qui revient d’Exil a perdu son arrogance : il ne met pas sa
confiance dans le pouvoir ou la richesse, il a “pour refuge le nom du Seigneur.”
C’est un peuple saint : “Ce reste d’Israël ne commettra plus le mal, il renoncera au mensonge.”
Pourquoi la béatitude des cœurs de pauvre est-elle la première ?
Parce que Jésus déclare bienheureux ce peuple des pauvres de Yahvé dont parlaient les prophètes : un peuple plein d’humilité et de modestie.
Il y avait des écoles de pensée et de spiritualité très différentes dans le peuple de Dieu, à l’époque de Jésus, et ceux qu’on peut appeler les pauvres de Yahvé représentaient une partie du peuple d’Israël.
Mais qui étaient ces gens ?
Certainement pas les scribes et les pharisiens dont Jésus dénonce constamment l’hypocrisie et la suffisance.
Mais tout le monde, en Israël ne partageait pas le légalisme arrogant des pharisiens : beaucoup avaient une spiritualité inspirée des prophètes… et ce sont eux qui deviendront les premiers chrétiens.
On ne peut pas dire qu’Israël ait refusé l’Évangile : la foule des premiers disciples est faite de Juifs convertis… et, en fait, pas vraiment convertis, en ce sens qu’ils ont reconnu en Jésus le Messie attendu, et que l’Évangile était dans la continuité de ce
qu’ils vivaient déjà.
Les Juifs d’aujourd’hui ne représentent qu’une des tendances existantes à l’époque du Christ : précisément ceux qui ont refusé l’Évangile.
L’autre tendance : ce sont les “pauvres de cœur” : “le Royaume des cieux leur appartient”, ils sont de plain-pied pour accueillir le Royaume que Jésus leur annonce… il on compris que ce Royaume était proche, à leur portée… et ils sont entrés.
Jean Baptiste avait préparé leur entrée en proposant un Baptême de conversion.
Les autres béatitudes ne font qu’illustrer les différents aspects de cette spiritualité d’un cœur de pauvre, qui est la spiritualité de l’Évangile :
– Les doux : ceux qui ont assez de force pour être pleins de douceur et de bienveillance avec les plus faibles.
– Ceux qui ne sont ni tièdes ni indifférents, mais qui ont faim et soif de justice (sainteté) : ils ne seront pas déçus… ils seront rassasiés.
– Ceux qui aiment pardonner : qui préfèrent excuser plutôt qu’enfoncer.
– Les cœurs purs : dont les intentions sont généreuses et désintéressées.
– Les artisans de paix : qui, par leur attitude et leurs paroles apaisantes contribuent à l’entente plutôt qu’à la division.
– Les mal-vus à cause de la justice, c’est-à-dire à cause de leur fidélité à l’Évangile.
Tous ceux là sont bienheureux : ils ont de la chance… ils ont vraiment réussi leur existence.
JCP
“Un peuple petit et pauvre qui aura pour refuge le nom du Seigneur.” (Sophonie 3,12)
Dominicales n° 603 - 30 janvier 2011 - 4e dimanche du temps ordinaire (Année A)
“Un peuple petit et pauvre qui aura pour refuge le nom du Seigneur.” (Sophonie 3,12)