Celui qui tient le rôle de Dieu, dans la Parabole des talents, c’est le Maître des trois serviteurs : c’est lui distribue les talents… et c’est à lui qu’à la fin, chacun doit rendre compte de ce qu’il a reçu.
Mais c’est uniquement sous cet angle qu’il tient le rôle de Dieu… pour le reste, il n’existe pas de ressemblance !
Il est décrit comme “un homme dur, qui récolte ce qu’il n’a pas semé” (Mt 25,24) autrement dit : un homme prêt à faire de l’argent par tous les moyens; ce qu’on appellerait aujourd’hui un requin de la finance.
Ayant ainsi forcé le tableau, Jésus pouvait penser qu’on n’attribuerait pas à Dieu de tels sentiments… et qu’on chercherait ailleurs le sens et le message de la Parabole !
Etant le Créateur de l’univers, il va de soi que Dieu n’est pas comparable à un homme dur, récoltant ce qu’il n’a pas semé ! Tout ce qui existe, c’est lui qui l’a semé et le fait exister à tout instant.
Ce qui est particulièrement vrai dans le domaine de la grâce : sans les dons de l’Esprit Saint, personne ne pourrait faire le moindre acte de foi, ni le plus petit acte de charité.
Alors pourquoi cette image ? Parce que n’étant pas un propriétaire, chacun de nous aura à rendre compte de tout ce qu’il a reçu. Si Dieu est le Créateur de toute réalité, cela veut dire que nous ne sommes propriétaires de rien : ni de nos richesses, ni de nos
qualités, ni de notre corps. Il n’existe rien, dans la création, dont on puisse dire : “C’est à moi, j’en fais ce que je veux !”
Comme les personnages de cette Parabole, nous sommes des gérants. Toutes nos qualités, de cœur ou d’intelligence, nous les avons reçues de notre hérédité, de notre entourage, ou de notre éducation… mais nous les recevons d’abord du Créateur, qui nous tient
dans l’existence.
Nous ne sommes propriétaires d’aucun de ces talents : tout ce que nous sommes est un don de Dieu. Nous sommes des dépositaires qui devront rendre compte de ce qu’ils ont fait de leur vie.
Un gérant qui ne ferait rien de la fortune ou du domaine qu’on lui a confié … il y a peu de chances qu’à la fin de son bail, on lui dise : “Tu n’a rien fait, mais c’est pas grave ! Si tu veux, tu peux tout garder !”
Celui qui conduit ainsi son existence aura tout perdu, non parce que Dieu serait comparable à un homme dur, mais parce qu’il aura gâché les talents qu’on lui avait confiés.
On ne peut pas se contenter de ne rien faire de sa vie… on ne doit pas dire : “Je ne suis pas capable”… prétexte qu’on se donne parfois, sans trop y croire, pour éviter de s’engager au service de l’Évangile.
Toute Parabole étant une parole, ou une question, de Dieu… ici, il nous demande : “Que fais-tu de ta vie… qu’es-tu en train de faire des talents que je t’ai confiés ?”
JCP
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“Je suis allé cacher ton talent dans la terre” (Mt 25,25)
Dominicales n° 513 - 16 novembre 2008 - 33e dimanche du temps ordinaire (année A)
“Je suis allé cacher ton talent dans la terre” (Mt 25,25)