Nous avons tous entendu cette formule, mais on ne sait pas trop s’il faut vraiment la prendre à la lettre. Pas mal de gens ne savent pas exactement d’où elle vient… du Coran ?… Proverbe chinois ?
En fait, c’est une parole de Jésus : elle vient du chap. 6 de saint Matthieu, et c’est un enseignement tout-à-fait important pour notre vie spirituelle.
Certains ont l’impression que Jésus les invite à la négligence. Il faut donc se demander quel est le thème ou le message de cet Évangile.
Tout ce passage porte sur l’inquiétude, le souci ou l’angoisse. Le mot “souci” revient six fois dans ces quelques lignes.
Jésus ne nous demande pas d’être insouciants. Il sait bien que la paresse ou l’insouciance est un péché. Il nous invite à ne pas être soucieux.
Jésus parle de l’inquiétude pour la nourriture et le vêtement : c’est l’angoisse des pauvres. Nous pourrions parler de nos inquiétudes pour nos enfants, notre logement, notre salaire, notre avenir professionnel, la réussite ou la survie de notre entreprise.
L’insouciance est un péché, mais l’angoisse aussi est mauvaise : c’est une infidélité à l’Évangile et un manque de foi. “Hommes de peu de foi, dit Jésus, ne vous faites donc pas tant de souci.” (Mt 6,30-31). Mais pas un instant Jésus n’interdit de travailler,
de réfléchir, de prévoir, de faire de son mieux dans le domaine professionnel comme ailleurs.
Et il est parfaitement possible de faire tout cela sans y ajouter l’angoisse. La prévoyance n’est pas incompatible avec la sérénité.
Chacun peut avoir des moments d’angoisse, mais s’il est un homme de prière, ils ne se laissera pas détruire par l’inquiétude. Il sera capable de dire : “Seigneur j’ai fait tout ce qui dépendait de moi, le reste dépend de toi ; que ta volonté soit faite.” Il ne
sera pas moins efficace que les autres, mais ils ne sera pas esclave des choses.
“Vous ne pouvez pas à la fois être serviteurs de Dieu et serviteurs (ou esclaves) de l’argent” (Mt 6,24) : cette parole ne s’adresse pas seulement aux religieux ; elle s’adresse à chacun de nous.
Ce que Jésus nous demande, c’est de devenir des êtres libres. Cette liberté nous donnera la paix. Il est certain également, qu’elle nous rendra plus généreux dans le partage. Elle nous évitera d’être corruptibles, ce qui n’est pas évident dans le monde actuel.
Elle nous donnera aussi le courage de prendre des risques et de nous compromettre au nom de la justice : “Cherchez le Règne de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît.” (Mt 6,33)
En fait, les soucis les plus mauvais sont ceux qui concernent l’avenir : “Ne vous faites pas tant de souci pour demain, dit-il, demain se souciera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.” (Mt 6,34)
Et il est vrai que beaucoup de nos angoisses ne sont pas relatives à des problèmes réels qui se posent aujourd’hui : elles sont très souvent relatives à ce qui pourrait nous arriver demain… des problèmes encore imaginaires. Et les problèmes qui n’existent pas
sont les plus insolubles.
Celui qui se contente de résoudre ses problèmes actuels a éliminé la plupart des causes d’angoisse : “À chaque jour suffit sa peine.”
JCP
“À chaque jour suffit sa peine.” (Mt 6,34)
Dominicales n° 606 - 27 février 2011 - 8e dimanche du temps ordinaire (Année A)
“À chaque jour suffit sa peine.” (Mt 6,34)