“Tant qu’ils ont l’Epoux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner” (Marc 2,18)
Dominicales n° 412 - 26 février 2006 - 8ème dimanche du temps ordinaire (année B)
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“Tant qu’ils ont l’Epoux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner” (Marc 2,18)

On demande à Jésus : “Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ?” (Marc 2,18)
Il y avait un jeûne par excellence : celui de la fête des “Expiations”.
On ne sait pas ici de quel jeûne ils voulaient parler : certainement pas de celui des Expiations, que Jésus aurait observé… mais probablement d’un jeûne ajouté par quelques groupes religieux. Ainsi, les pharisiens zélés jeûnaient deux fois par semaine : le
lundi et le jeudi… et il est possible que les disciples de Jean aient fait de même.
Un de ces jours-là, quelqu’un remarque que les disciples ne jeûnent pas !

La réponse de Jésus est que ses disciples participent dès maintenant à la joie messianique. Tout à cette joie, ils ne peuvent pas jeûner !
Il désigne ses disciples comme “les fils de la salle des noces”… c’est à dire, les amis que le fiancé invite à son mariage… et il compare leur joie à la joie d’un banquet nuptial.
Mais il répond dans un langage imagé qui va au delà de la question posée !

Jésus se désigne lui-même comme “l’Epoux”… ce qui est bien davantage qu’un titre messianique !
On voit, dans la première lecture de ce dimanche, que les prophètes désignaient Yahvé comme “l’Epoux” de son peuple Israël : “Parole du Seigneur : Mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur.”
(Osée 2,16)

Jésus était célibataire : ce n’était un secret pour personne !
Le fait qu’il se désigne lui-même comme “l’époux” ne pouvait donc pas être compris au sens littéral.
Mais un juif instruit du langage de la Bible devinait, dans cette parole, une allusion à la divinité de Jésus. De même que Yahvé dans l’Ancien Testament était désigné comme l’Epoux d’Israël, un époux fidèle et aimant, malgré l’infidélité de son peuple… de
même, Jésus, dans cet Evangile, se désigne comme l’Epoux du nouveau peuple de Dieu : l’Eglise, qui est la communauté de ses disciples.

Comme souvent dans l’Evangile, Jésus donne des réponses à des questions qu’on ne lui posait pas !
En prenant ainsi la place de Yahvé, il laisse deviner le mystère de sa condition divine… et, en même temps, il nous dévoile sa tendresse pour son Eglise. Comme le Dieu de l’Ancien Testament, son amour est fidèle, bien qu’il connaisse les pauvretés de chacun de
ses disciples.
Pierre, André, Jacques et Jean n’étaient pas meilleurs que nous… mais ils se savaient aimés de leur Maître d’un amour fidèle, que rien ne décourage, comme celui de Yahvé pour son peuple.

Malgré nos faiblesses, chacun de nous est aimé de la même façon… et Jésus nous invite à répondre à son amour par une joie semblable à celle de ses premiers disciples.
Ce n’est pas la peur qui nous fera progresser dans la fidélité à l’Evangile.
Ce qui peut nous faire grandir dans la sainteté, c’est la certitude d’être aimés et le désir de répondre à un tel amour.

JCP