Cette parole de Jésus ne doit pas être comprise comme un doute émis sur le salut de ceux qui ne connaissent pas cette “vérité” ni ce “chemin”.
Saint Paul explique très clairement, au ch. 2 de sa lettre aux Romains, que les sauvés ne sont pas tant ceux qui connaissent la loi de Dieu, que ceux qui la mettent en pratique… qu’ils aient ou non une foi explicite !
Il est certain qu’il n’y a pas plusieurs formes de vie éternelle.
Pour tous ceux qui seront sauvés, qu’ils aient connu l’Evangile ou non, la vie éternelle sera la pleine communion avec les personnes divines.
Il n’y a pas de salut en dehors du Christ… ni de vie éternelle en dehors de la filiation adoptive qui nous fait partager la condition du Fils de Dieu.
Et notre chance, à nous les croyants, est de savoir le “chemin” qui conduit à cette vie.
Le salut des non-chrétiens, c’est le problème de Dieu !
Quand Jésus dit “Je suis le chemin et la vérité”, il s’adresse à nous… à ceux qui savent le chemin mais qui passent leur vie à vouloir faire des détours.
Le Christ est le chemin : on le croit en principe… mais en pratique il nous semble que d’autres chemins sont meilleurs pour nous ! Nous croyons que la sainteté est un idéal, mais en pratique nous ne croyons pas que ce soit un idéal pour nous. On sait qu’on
devrait se convertir sur tel ou tel point, mais on a peur de trop perdre, et on prend des chemins de traverse, au lieu de prendre ce chemin de vie.
“Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses places : des demeures multiples.” (Jn. 14,2)
Gardons-nous d’imaginer ces places comme des sièges pour un spectacle ou comme des espaces anonymes.
Ces places innombrables ont pour point commun d’être une vie filiale dans le Christ… mais si ces places sont nombreuses, c’est aussi en ce sens qu’il y a autant de places différentes qu’il y a d’individus. Chacun de nous est irremplaçable : chacun a été créé
et appelé par Dieu pour une destinée unique… et en ce sens, il y a beaucoup de places : il y a pour chacun de nous une place qui est unique, et qui est sa place !
“Il y a de nombreuses places”, aussi, en ce sens que ces demeures sont diverses… il n’y a pas d’égalité en cette vie éternelle : “beaucoup de premiers seront parmi les derniers.” (Mc. 10,31)
Les critères de valeurs seront renversés… le grand critère étant l’amour. Ces places diverses dépendront du degré auquel chacun aura développé cette capacité d’aimer, de donner et de servir : “C’est la mesure dont vous vous servez pour les autres qui servira
de mesure pour vous.” (Lc. 6,38)
Il n’y aura pas d’inégalité injuste, mais il y aura une inégalité qui sera l’aboutissement de nos choix en cette vie et de notre capacité de donner.
Chacun de nous sera le principe et la cause de ses limites. Dieu, lui, sera le principe et la source de la gloire… qui est la raison d’être de notre existence. C’est pour cela qu’il nous a créés !
JCP