“Le Verbe était Dieu.” (Jn 1,1)
Dominicales n° 518 - 21 décembre 2008 - 4e dimanche de l'Avent (année B)
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“Le Verbe était Dieu.” (Jn 1,1)

Si nous avons parfois une idée un peu désincarnée de Jésus de Nazareth, ce n’était pas le cas de Jean et des premiers disciples.
Ils ont d’abord rencontré un homme : un frère de race, un Rabbi, un homme nourri de la parole de Dieu, un homme de prière, un homme sans faiblesses, et en même temps d’une humanité parfaite.
En le voyant agir, parler, accueillir, en le voyant guérir les malades, ressusciter les morts, mais aussi en l’écoutant parler de Dieu comme on parle de quelqu’un qui est là… en voyant son comportement avec son entourage : sans compromission devant les
puissants, sans arrogance avec les plus faibles, ne regardant que le cœur, ils ont rencontré l’homme le plus humain qui soit… mais en même temps, ils ont eu, peu à peu, le sentiment qu’il devait être bien plus que cela.
Ils ont découvert que son regard sur les hommes était le regard de Dieu, que sa tendresse et sa patience étaient le reflet de la patience et de la tendresse de Dieu, que ses sentiments étaient la manifestation des sentiments de Dieu.
Les hommes ne cessent de prêter des sentiments à Dieu ! Ils imaginent un Dieu lointain, un Dieu indifférent au mal, un Dieu qui se venge.
Peut-on découvrir le secret des sentiments de Dieu ?
On sait qu’il existe, qu’il est éternel et infini, qu’il tient l’univers dans l’existence… mais comment connaître ses sentiments ?
En vérité, chaque page de l’Évangile nous en donne la révélation : chacune des attitudes et chacun des sentiments manifestés par Jésus de Nazareth est le reflet exact des sentiments de Dieu.
Comme Marie, Jean a retenu chaque parole de Jésus et les a méditées dans son cœur. Peu à peu il a pénétré le mystère. Et les premières lignes de son Évangile sont une méditation qui résume tout ce qui va suivre : c’est une méditation qui donne le sens de tout
son Évangile.
Le “Verbe” de Dieu, c’est celui qui existait avant la création du monde. Quand Saint Jean nous dit que Jésus est “le Verbe” (la Parole), il veut nous dire qu’il est éternel, comme la Parole de Dieu est éternelle :
“Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu … Il était au commencement auprès de Dieu.” (Jn 1,1-2) Il était auprès du Père : auprès de celui qui est l’Origine et la Source de toute chose… il était auprès de lui
avant la création du monde.
Comme le Père, il était sans commencement… comme le Père, il était Dieu.
Jésus ne peut pas être considéré uniquement dans sa condition humaine. On ne peut, à aucun moment, oublier qu’il est une personne divine.
Pour entrer en contact avec nous, il s’est fait homme, mais cela ne représente qu’une dimension de son être : une partie infime de ce qu’il est.
La mode, il y a quelques années, dans l’Église, voulait que l’on parle de “l’homme Jésus Christ”… et il est vrai que cet homme a été pleinement humain : on peut dire qu’il a été le plus humain des hommes.
Mais, en même temps, cette façon de parler est dangereuse. Celui qui ne veut rien voir d’autre que “l’homme Jésus Christ”, passe à côté de la révélation que cet homme est venu apporter au monde.
En Jésus, on ne peut pas mettre l’homme à part, comme s’il n’était qu’un homme !
Si l’on ne veut voir, en lui, que l’homme, ce que l’on voit, ce n’est pas même une personne : ce n’est pas quelqu’un… on ne voit rien… on passe à côté de la personne de Jésus !
Jésus est vraiment un homme, mais quand on se pose la question : “Qui est cet homme ?” : quand on découvre le mystère de sa personnalité, celui qui se dévoile à nous est une personne divine.
C’est cette découverte que Jean nous transmet, après qu’elle ait illuminé sa vie : “Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire.” (Jn 1,14)
JCP