“Passe derrière moi Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu !” (Mt 16,23)
Dominicales n° 391 - 28 août 2005 - 22ème dimanche du temps ordinaire (année A)
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“Passe derrière moi Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu !” (Mt 16,23)

 

Jésus donne à Simon le nom de “Satan”… parce que ses pensées ne sont pas inspirées par Dieu : elles sont à l’opposé de la foi.
Et pourtant, il venait tout juste de faire un acte de foi (voir l’Evangile de dimanche dernier) : “Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.” (Mt 16,16)
Et Jésus lui avait dit : “Heureux es-tu, Simon fils de Jonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.” (Mt 16,17)
Jésus avait fait de cet homme le garant de la solidité de l’Eglise… le fondement qui la rendrait indestructible : “Tu es Pierre, et sur cette pierre (ou ce roc) je bâtirai mon Eglise.” (Mt 16,18)
Et pour que son message soit sans équivoque, Jésus avait ajouté :
“Je te donne les clefs du Royaume des cieux (ou de Dieu).” (Mt 16,19)
Comme on l’a vu dans la lecture du livre d’Isaïe (22,19-23) celui qui reçoit la clef du royaume, reçoit tout pouvoir au nom du roi : “S’il ouvre personne ne fermera, s’il ferme, personne n’ouvrira.” Son autorité est sans appel.
Dans le langage de la Bible, les “clefs d’un Royaume”, ce sont les pleins pouvoirs.
Pierre aussi reçoit les clefs d’un Royaume… il reçoit donc le pouvoir de gouverner… mais ce Royaume est le Royaume des cieux (c’est-à-dire : de Dieu)… ce qui veut dire qu’il a tout pouvoir au nom de Dieu !
Après cette image des clefs, qui confirme celle de la pierre ou du roc comme fondement de l’Eglise, Jésus avait ajouté une troisième image :
“Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans le Ciel. Tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans le Ciel.” (Mt 16,19)
“Lier” et “délier”, dans le langage des rabbins, c’était imposer une loi ou en dispenser : interdire ou autoriser au nom de la Loi.
Mais tous les rabbins n’étant pas d’accord entre eux, on ne pouvait jamais être certain que ce qu’un rabbin avait décidé était voulu par Dieu !
Le cas de Pierre sera différent : “Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans le Ciel (c’est-à-dire : par Dieu). Tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans le Ciel (par Dieu).”
Pierre légifère et gouverne l’Eglise au nom de Dieu.
Lorsque le Premier Concile du Vatican a défini le dogme de l’infaillibilité du Pape, il n’a rien inventé : cela faisait partie de la foi chrétienne depuis l’Evangile.
Pierre est un homme… faible comme un homme… et pourtant fort de la foi reçue de Dieu.
Lorsqu’il reconnaît en Jésus “le Messie, le Fils du Dieu vivant”, il est inspiré par le Père… et pourtant sa foi est encore imparfaite : il croit que Jésus est le Christ tout en ayant une fausse idée du Christ et de sa mission… et Jésus le lui reproche avec
une sévérité extrême !
Le Pape n’est pas infaillible en tout ce qu’il croit personnellement… il est infaillible lorsqu’il définit solennellement ce que croit l’Eglise du Christ.
Il ne définit pas sa foi personnelle, mais “la foi de l’Eglise”.
C’est ainsi que Pie XII, en 1950, en accord avec les évêques du monde entier, a défini le dogme de l’Assomption (ou de la Résurrection) de Marie.
Certains se demandent ce que Jésus a fait pour que son message soit transmis fidèlement jusqu’à nous !
Eh bien, il a fait son Eglise… et il l’a fondée sur Pierre !
C’est pourquoi nous aimons cette Eglise… et celui qui la gouverne au nom du Christ.
JCP