Nos contemporains, abreuvés par la télévision de leur ration quotidienne de catastrophes, estiment que tout va mal et que, si Dieu nous aimait, il nous éviterait un certain nombre de souffrances et de désastres.
Si vous lisez attentivement la réponse de Jésus à propos des dix-huit personnes tuées lors de l’écroulement de le tour de Siloé (Lc 13,4-5), vous verrez qu’il est d’un tout autre avis !
Il semble estimer que ce monde va plutôt bien et que les catastrophes sont raisonnablement exceptionnelles… elles sont, en tout cas, sans proportion avec ce que nous mériterions.
Lorsque les choses vont à peu près bien, nous avons le sentiment que nous avons droit à cette tranquillité relative et que nous la méritons.
Si Jésus dénonce cette illusion, c’est parce qu’elle fausse totalement notre idée de Dieu, de ses sentiments et de son action, et parce qu’elle conduit les hommes à faire de Dieu le responsable du mal.
Ceux qui sont morts dans cet accident, dit Jésus, n’étaient pas plus coupables que le reste des habitants de Jérusalem… ce qui laisse entendre que tous les hommes sont plus ou moins coupables, et que la plupart d’entre eux auraient mérité le même sort… et il
ajoute : “si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière.” (Luc 13,5)
En vérité, Dieu ne punit pas les hommes en leur envoyant des maladies, des guerres et des catastrophes. Ces événements font partie des lois de la nature. Ils ne sont pas des punitions.
Jésus nous fait comprendre que s’ils étaient des punitions, il y en aurait bien davantage… et ils n’auraient pas lieu au hasard.
Quant au mal, il reste, la plupart du temps, impuni en ce monde.
Les accidents de la vie ne doivent pas être interprétés comme des punitions de Dieu : ils ne traduisent pas des intentions de Dieu : non pas parce que nous serions innocents, mais parce que, si Dieu nous punissait comme nous le méritons, il détruirait ce
monde.
Dieu ne nous traite pas selon nos fautes, il patiente avec une infinie tendresse, et dès qu’il rencontre un cœur désireux de son pardon, il le comble de son amour.
Jésus ne veut pas nous culpabiliser et nous accabler sous le poids de nos péchés : il veut nous en délivrer. Mais pour cela il faut que nous nous laissions pardonner… en étant conscients d’être sans droits devant Dieu.
La révélation de notre culpabilité fait partie de la révélation que Dieu fait de lui-même. Celui qui se croit sans péché et pense avoir des droits, ne peut pas connaître Dieu… il ne peut pas connaître son amour… et il est tenté de mettre Dieu en accusation.
JCP
Dieu ne punit pas
Dominicales n° 567 - 7 mars 2010 - 3e dimanche de Carême (Année C)
Dieu ne punit pas