“Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route ?” (Luc 24,32)
Dominicales n° 571 - 4 avril 2010 - Dimanche de Pâques (Année C)
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“Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route ?” (Luc 24,32)

Ces deux disciples qui marchent avec Jésus sur le chemin d’Emmaüs ont quelques difficultés à croire : “Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes !” (Lc 24,25)
Il est probable qu’ils ne comprennent pas les paroles d’Isaïe relatives au « Serviteur de Yahvé »… ce Serviteur qui offre sa vie en sacrifice pour le salut de tous les hommes. (Is. 52-53)
Ils ont catalogué ces prophéties parmi les textes incompréhensibles.
Les disciples étaient comme tous les Juifs : un sacrifice, ce n’est pas le genre de chose qu’ils attendaient du Messie !
Ils avaient mis leur espérance en Jésus de Nazareth pendant quelques années… mais après une fin de carrière aussi désastreuse, plus personne ne pouvait croire en lui.
On peut supposer que sur le chemin de Jérusalem à Emmaüs, Jésus a amené la conversation sur ce sujet, et tout en faisant l’innocent, il a dû poser des questions sur ce chapitre d’Isaïe : “Un sacrifice qui donne le salut à la multitude des hommes … comment
comprendre ces paroles ? … Un « Serviteur de Yahvé » qui donne sa vie en sacrifice … c’est impensable … et pourtant, il semblerait que ce soit le projet de Dieu !”
Leur cœur était brûlant, nous dit saint Luc, parce qu’ils auraient voulu que cet inconnu dise vrai.
Ils avaient perdu la foi, parce qu’on ne peut pas garder la foi dans un crucifié !
Mais ils n’étaient pas satisfaits, parce qu’on ne peut pas perdre la foi en Jésus aussi facilement !
En supposant qu’il ne soit pas un envoyé de Dieu, c’est toute sa personnalité, toute sa mission et toute sa vie qui deviennent incompréhensibles !
Ils pensaient aux miracles, mais aussi à sa façon de prier : sa relation à Dieu, qu’il aimait comme un Père !
Il était sans péché, et cela semblait normal : on ne l’imaginait pas autrement !
Il pardonnait les offenses, et parce que c’était lui, on n’imaginait pas qu’il puisse refuser de pardonner.
Il accueillait les enfants, les veuves, les centurions de l’armée d’occupation, les notables et les plus pauvres, les pharisiens religieux et les collecteurs d’impôts qui étaient les plus grands escrocs, sans faire la moindre différence, et personne n’aurait
compris qu’il fasse une différence !
Ce qu’il faisait, personne ne l’avait jamais fait, mais personne n’aurait compris qu’il fasse autrement !
Il parlait de Dieu comme s’il l’avait vu, et on le croyait sur parole !
Là était le problème : si Jésus n’était pas le Messie attendu, qui était-il ?
Ils avaient perdu la foi en le voyant mourir sur la croix, et ils n’étaient pas les seuls : même les Apôtres avaient perdu la foi, tous les gens raisonnables avaient perdu la foi !
Et au matin de Pâques, personne n’avait envie de croire à cette histoire de résurrection que les femmes leur avaient racontée ! Ils ne voulaient pas y croire, et en même temps, ils ne pouvaient pas croire que la mission de cet homme-là soit terminée !
C’est pourquoi, après qu’ils l’aient reconnu à la fraction du pain, ils se dirent l’un à l’autre : “Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route ?”
Avant même de le reconnaître, ils ont fait l’expérience de la présence du ressuscité. Peu à peu, ils comprendront que celui qui est ressuscité, c’est le Fils unique : à la fois Dieu et homme, celui qui avait été leur ami, et qui désormais restera présent.
JCP