La résurrection de la chair et la résurrection des morts
224 - Cellules paroissiales d’évangélisation - Viroflay - Avril 2013
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La notion de résurrection de la chair est absente du Nouveau Testament. 1
Comment faut-il comprendre la “résurrection de la chair” du Symbole des Apôtres ?
Ce Symbole, qui n’est pas un texte dogmatique, veut-il dire que notre vie actuelle, dans sa dimension charnelle ou animale, doit être restaurée à la fin des temps… ou bien, veut-il dire simplement que les êtres de chair que nous sommes sont appelés à ressusciter ?

À propos de la fin des temps, Irénée de Lyon écrit que le Christ viendra « ressusciter toute chair de tout le genre humain » (Contre les hérésies,I,10,1). On peut supposer que le « Symbole des Apôtres » parle un langage semblable, puisque sa version la plus ancienne est datée, comme le texte de saint Irénée, des environs de l’an 200.
Ce langage s’inspire de textes bibliques tels que : « Toute chair verra le salut de Dieu » (Luc 3,6), ce qui signifie « tout homme… ».
Dans cette hypothèse, on peut comprendre que la résurrection de la chair est la résurrection des hommes.

Dans l’hypothèse contraire, il faut supposer que le Symbole des Apôtres est en opposition avec l’enseignement de Jésus et de Paul :
« Frères, voici ce que j’affirme : la chair et le sang ne peuvent pas hériter du Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de l’incorruptibilité. Je vais vous faire connaître un mystère. Nous ne mourrons pas tous, mais tous, nous serons transformés. » (I Cor. 15,50-51) 2
Nous serons « transformés » : nous sommes donc appelés à une vie tout autre, qui n’est pas une condition charnelle ou animale.
Tout le chapitre 15 de cette lettre aux Corinthiens insiste sur le fait que la résurrection n’est pas un recommencement de la vie actuelle, mais une vie ou une condition tout autre.

En cela, Paul est fidèle à l’enseignement de Jésus :
« Ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection des morts ne prennent ni femme ni mari. Ceux-là ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux Anges, ils sont fils de Dieu, étant héritiers de la résurrection. » (Luc 20,36)
Dans ce récit, Jésus répond aux sadducéens qui ne croient pas à la résurrection et imaginent l’histoire burlesque d’une femme qui a eu sept maris. Ils demandent de qui elle sera la femme à la résurrection.
La réponse de Jésus suppose que la sexualité et la procréation, ou encore l’animalité, sont étrangères à la vie ressuscitée.

Quoi qu’il en soit, le Symbole, dit de Constantinople, qui est un texte dogmatique, ne parle pas de la résurrection de la chair :
« J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. »
Cette formule est pleinement compatible avec l’enseignement de Jésus (Luc 20,36) et avec celui de Paul (I Cor. 15,50).

Il est vrai que saint Paul, dans ce chapitre 15 de la première aux Corinthiens ne répond pas à notre curiosité : il nous ne nous dit pas ce qu’est la vie ressuscitée… il nous dit surtout ce qu’elle n’est pas.

La réponse de Jésus aux sadducéens : « Ils sont semblables aux Anges, ils sont fils de Dieu », suppose que cette vie nouvelle sera la plénitude de notre condition de fils adoptifs.
Saint Paul dit également que nous attendons « l’adoption, la délivrance pour notre corps. » (Rom. 8,23) : ces « corps » délivrés que Jésus dit semblables aux Anges, ne seront pas un obstacle à notre adoption filiale.
Notre corps nous permet d’exprimer et de communiquer la vie de notre esprit, mais il arrive aussi qu’il lui fasse obstacle. Dans la vie qui nous est promise, rien ne fera obstacle à la vie de l’esprit.

Ce ne sera pas le même corps, dit saint Paul, mais une autre existence, comportant une autre forme d’appartenance à l’univers.
« La création aspire à la révélation des fils de Dieu. » (Rom. 8,19)
Cette vie filiale ne nous rendra pas étrangers à cet univers. La filiation divine des ressuscités est la raison d’être de cet univers.

On verra que la résurrection de Jésus ne le rend pas lointain, mais proche de ses disciples. Il faut donc comprendre que notre résurrection ne nous rendra pas étrangers les uns aux autres, mais pleinement fraternels… elle ne fera pas de nous des individus isolés, ni de l’univers, ni de l’ensemble des élus : ce sera une appartenance à l’Humanité ressuscitée.

Frères et sœurs, que le Seigneur ressuscité vous donne le bonheur de le rencontrer en vérité.