“On lui amène un sourd-muet et on le prie de poser la main sur lui.” (Marc 7,32)
Dominicales n° 544 - 6 septembre 2009 - 23e du temps ordinaire (année B)
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“On lui amène un sourd-muet et on le prie de poser la main sur lui.” (Marc 7,32)

Pourquoi Jésus fait-il un miracle, et demande-t-il le silence ?
Parce qu’il ne fait pas de miracles pour éblouir les foules !
Un miracle est un signe, mais pas un signe de n’importe quoi.
C’est un signe de la puissance et la présence de Dieu : ce qui est évident, en tout cas, pour celui qui est guéri. C’est toujours également un signe de l’amour de Dieu : celui qui est guéri comprend qu’il est aimé… les autres, pas toujours. Ceux qui racontent
un miracle risquent d’oublier l’amour, et dans ce cas, ils oublient l’essentiel.
À Lourdes, les guérisons sont quotidiennes. Si l’Église leur fait si peu de publicité, c’est probablement parce que ceux qui sont étrangers aux personnes guéries ne retiennent que le côté extraordinaire ; ils oublient la manifestation de la tendresse de Dieu.
Ce sont des signes qui s’adressent d’abord à ceux qui sont guéris et à leurs proches : c’est pour eux que de tels signes ont un sens !
C’est pourquoi Jésus guérissait, mais recommandait la discrétion.
Un miracle est toujours également une réponse à la foi. “On lui amène un sourd-muet et on le prie de poser la main sur lui.” Les proches du sourd-muet croient que Jésus peut le guérir, c’est pourquoi ils l’amènent à Jésus : ils ont la foi… le sourd-muet
aussi !
On peut également considérer que, dans cet Évangile, le regard de Jésus nous révèle le regard de Dieu : il nous révèle l’attitude de Dieu ou les sentiments de Dieu. A travers la personne et le comportement de Jésus, ses paroles et ses gestes, nous découvrons
qui est Dieu, et combien chaque être est important pour lui.
La lettre de Saint Jacques est une invitation à imiter ce regard et cette attitude : à ne faire aucune sorte de différence entre les personnes, en évitant, à la fois, d’être servile avec les puissants et arrogant avec les faibles. “Dieu n’a-t-il pas choisi
ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il les a faits riches de la foi, il les a faits héritiers du Royaume promis à ceux qui l’auront aimé.”
Ces paroles évoquent la première des Béatitudes : Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre, le Royaume des Cieux est à eux.
Les pauvres, ce sont tous ceux qu’on peut appeler les dépendants, ceux qui ont besoin des autres : ils ont besoin de Dieu et besoin des autres. Celui qui a besoin de Dieu est bienheureux.
Dieu regarde les plus petits; il a des critères qui ne sont pas ceux des hommes : il regarde le cœur.
C’est la qualité de notre cœur qui fait la valeur de notre vie : notre capacité d’aimer, de donner, de rendre heureux.
Ce qui est une invitation à avoir nous-mêmes l’attitude de Dieu : à aimer comme lui. Jésus nous dit : “Aimez-vous comme je vous ai aimés.”
Il nous invite aussi à nous faire serviteurs, comme lui s’est fait serviteur, jusqu’au don de soi.
Se faire un cœur de serviteur, c’est le premier secret de l’amour… c’est aussi le secret de l’évangélisation : la meilleure façon de proposer l’Évangile à ses frères.
JCP