Déjà du temps de Moïse, on ne savait pas trop ce qu’était la manne, d’où son nom : “Man hou… Qu’est-ce que c’est ?” (Ex. 16,15)
Et pourtant cet épisode intéresse les disciples du Christ.
Du récit du livre de l’Exode, on peut retenir les points suivants :
(1) La Manne était une nourriture donnée par Dieu ; (2) elle était donnée à son Peuple, (3) par un Dieu qui était le Sauveur de son peuple.
Dans l’Évangile de Jean, on retrouve ces trois éléments :
(3) Il y a aussi un Sauveur : le Christ… il a le rôle de Sauveur qui était celui de Yahvé dans l’Ancien Testament, et le salut qu’il donne à ses disciples va bien au delà de la simple libération d’un esclavage terrestre.Il donne la vie éternelle : “Celui qui
mange ce pain vivra éternellement.” (Jn. 6,51)
(2) Il y a également un Peuple de Dieu, dans la mesure où la foule des disciples de Jésus, au bord du lac, représente le premier noyau de l’Eglise universelle, à la fois Peuple de Dieu et Église du Christ.
(1) Et il y a surtout “un pain descendu du ciel” (Jn. 6,51), c’est-à-dire : venu de Dieu.
On retrouve donc les trois données familières aux lecteurs de l’Ancien Testament, mais avec, à chaque fois, des différences… et celle-ci en particulier : que le “Pain de vie”, dans l’Évangile, est une Personne !
Nous sommes le Nouveau Peuple de Dieu qui a été libéré de l’esclavage du péché et qui marche (comme à travers le désert) vers une vie éternelle.
Pour nous aussi, Dieu a préparé une nourriture qui nous permettra de parvenir au terme du voyage.
Mais ce n’est pas la nourriture un peu étrange et difficile à définir que les Hébreux avaient mangée pendant une courte période de leur histoire.
Le “pain de vie” de la Nouvelle Alliance, c’est le Fils de Dieu : il s’est fait homme pour venir à notre rencontre… et il se fait nourriture pour que soit continuée cette rencontre tout au long de l’histoire.
Dans la Nouvelle Alliance, il est à la fois le Sauveur et le nouveau Pain de Dieu : ces deux réalités, qui étaient distinctes dans l’Ancien Testament, s’accomplissent dans la personne du Christ. C’est ainsi qu’il accomplit l’Ecriture. Et celui qui mange ce
pain ne fait plus qu’un avec lui : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui.” (Jn. 6,56)
Avec d’autres termes, c’est le même message qu’on trouve dans la lettre de Saint Paul : “Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps : car tous nous participons à cet unique pain.” (I.Cor. 10,17)
Tous ceux qui mangent ce pain (eucharistique) deviennent un seul corps : ils sont incorporés au Christ.
Celui qui reçoit le corps du Christ, devient corps du Christ… c’est la grâce de ce Sacrement.
JCP