“Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.” (Mt 20,14)
Dominicales n° 506 - 21 septembre 2008 - 25ème dimanche du temps ordinaire (année A)
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“Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.” (Mt 20,14)

Cette Parabole des ouvriers de la dernière heure a l’air simple… mais, à la réflexion, on se demande ce que signifie cette égalité de salaire qui serait sans lien avec le travail fourni !
Est-ce une Parabole sur la vie éternelle, qui voudrait dire que dans l’autre vie, tous seront égaux ?
Quel qu’ait été le degré de notre sainteté, pourvu qu’on soit sauvé, il n’y aurait pas de différence !
Mais, dans ce cas, on comprendrait mal la phrase finale : “Les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers.» (Mt 20,16)
Ce qui laisse entendre que l’ordre ne sera plus le même… mais qu’il y aura toujours un certain ordre et des degrés divers !
Il existe d’ailleurs une autre Parabole ou une autre image de la vie éternelle qui laisse entendre qu’il y aura des degrés : celle de la “mesure” : «c’est la mesure dont vous vous servez pour les autres qui servira aussi de mesure pour vous.” (Lc 6,38)
C’est notre capacité de donner et d’aimer qui sera la mesure de notre capacité à vivre de la vie éternelle et glorieuse. Plus nous aurons aimé et donné en cette vie, plus grande sera la mesure des dons de Dieu : “C’est une bonne mesure, tassée, secouée,
débordante qu’on vous versera dans le pan de votre vêtement.”
La difficulté de l’Évangile de ce jour, c’est que la formule qui termine ce passage : “Les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers.” est bien une parole sur la vie éternelle… mais ce n’est pas la conclusion de la Parabole qui précède. Cette
Parabole ne parle pas de la vie éternelle mais du “Royaume de Dieu” où tous ont leur place en ce monde, quel que soit leur ordre d’arrivée.
Dans ce récit, un maître donne à celui qui vient de se mettre au travail autant qu’à tous les autres… il donne à chacun un “denier” : la somme nécessaire pour nourrir sa famille pendant une journée.
Le maître, c’est Dieu… l’ouvrier, c’est celui qui se met au service de son Royaume… le salaire que Dieu lui donne, c’est son pardon et son amour. Cette attitude de Dieu avec les pécheurs convertis, c’est aussi celle de Jésus et celle des Apôtres dans les
débuts de l’Église : ils ne font aucune différence entre les païens récemment convertis et les Juifs héritiers d’une longue tradition de fidélité.
Cette Parabole nous demande de ne jamais avoir peur de proposer l’Évangile… ne jamais dire : “Pour celui-là, il est trop tard”, ou “avec lui je perds mon temps.” C’est jusqu’au dernier moment que le maître de la vigne invite des ouvriers à travailler à sa
vigne… et cette vigne, c’est le Royaume de Dieu.
Dieu invite les premiers venus comme les derniers venus… et s’il est vrai que tous ne se laissent pas inviter, Dieu, lui, n’exclut personne. Les êtres les plus inattendus ont leur place dans l’Église du Christ.
JCP