Le mystère de la Trinité
Dominicales n° 658 - 3 juin 2012 - Fête de la Sainte Trinité (Année B)
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Le mystère de la Trinité

On pourrait avoir l’impression que la révélation des trois personnes divines est un message très abstrait qui ne concerne pas directement notre vie quotidienne de chrétiens.
Jésus lui-même nous dit que le grand commandement consiste à aimer : c’est cela qui résume la Loi et les Prophètes. On pourrait donc penser que c’est bien plus important que des vérités théoriques et difficiles à comprendre. L’amour, au moins, c’est du
concret.
Il est vrai que les théologiens ont eu parfois des discours sur la trinité qui étaient sans lien avec la vie des chrétiens, et même sans lien direct avec leur vie de prière.
Et pourtant, si Jésus nous révèle le mystère des trois personnes divines, cela ne peut pas être un aspect secondaire de notre foi.
Le Credo que nous allons dire ensemble comporte trois parties, qui sont notre profession de foi en chacune des personnes divines.
L’amour que Jésus demande de ses disciples, c’est avant tout l’amour du Père : c’est le premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et par dessus tout. » Mais on ne peut pas l’aimer sans le connaître… c’est pourquoi Jésus nous
révèle qu’il n’est pas seulement notre Dieu, mais aussi notre Père : qu’il nous a aimés le premier, d’un amour intense, comme un Père aime ses enfants.
Si Jésus, le Fils unique de Dieu, s’est fait homme et s’est révélé à nous, c’est pour la même raison : pour nous dire son amour, et pour que nous puissions répondre à cet amour. Il a dit : « Celui qui m’aime observera mes paroles … celui qui ne m’aime pas ne
pourra pas observer mes paroles. » (Jn 14,23-24). On voit que la révélation du Père et du Fils nous plonge dans le concret de la vie chrétienne : l’amour et la mise en pratique de l’Évangile.
Quant à l’Esprit Saint, c’est un esprit de foi et d’amour. Saint Paul explique que la foi et l’amour sont des charismes : les dons de l’Esprit les plus importants. Chacun de nos actes de foi est inspiré par l’Esprit, et plus encore chacun de nos actes d’amour
ou de charité.
En fait, si les théologiens ont eu parfois un langage sur la Trinité qui ne nous parlait pas, c’est parce que leur discours était trop déconnecté du Nouveau Testament. L’Évangile, comme les lettres de saint Paul, ont un discours sur la Trinité qui nous touche
directement : ils ne parlent pas des trois personnes en elles-mêmes, mais par rapport à nous.
S’ils parlent du Père, c’est pour nous dire qu’il est notre Père : qu’il nous connaît et nous aime comme un Père, que sa bienveillance et sa patience sont celles d’un Père.
Si Jésus se révèle à nous comme le Fils de Dieu, c’est pour partager avec nous cette condition de fils, et s’il a donné sa vie, c’est pour nous dire à quel point il nous a aimés, et jusqu’où il voulait aller pour que nous soyons pardonnés.
Et ce que Paul nous dit de l’Esprit Saint n’est pas un discours abstrait, c’est un message qui nous touche personnellement, puisque c’est l’Esprit qui fait de nous des fils : “Vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage pour tomber dans la crainte, mais un
Esprit de filiation adoptive dans lequel nous crions : Abba.” (Rom. 8,15)
On est vraiment dans le concret de notre prière quotidienne : prière filiale et confiante de celui qui se sait aimé comme un enfant.
“L’Esprit lui-même révèle à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu : enfants, et donc héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être glorifiés avec lui.” (Rom. 8,16-17)
Rien n’est plus concret que cette formule trinitaire de la lettre aux Romains qui résume notre condition de disciples du Christ.
JCP