Nous avons parfois un peu de mal à définir ce qu’est le rôle de l’Esprit dans notre vie de chrétiens.
On comprend mieux qui est le Fils : il nous apparaît bien comme une personne avec qui chacun de nous peut entrer en relation ; s’il s’est fait homme, c’est pour se mettre à notre portée.
Le Père nous semble plus lointain… on récite le Notre Père : c’est la prière du Seigneur, mais nous n’avons pas toujours le sentiment d’être fils de Dieu, d’être aimés comme des fils.
Quant à l’Esprit, beaucoup auraient du mal à dire sa place dans notre vie, et ce qu’est notre relation avec lui.
Et pourtant, tout cela est dit avec clarté dans le chapitre 8 de la lettre aux Romains : “Ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu … C’est un Esprit qui fait de vous des fils.” (Rom. 8,14-15)
L’Esprit Saint est celui qui réalise en nous la création nouvelle et surnaturelle qui fait de nous des fils de Dieu.
Jésus est le Fils unique de Dieu : il l’était avant sa naissance parmi nous, avant la création du monde, mais, s’il s’est fait homme, c’est pour que nous devenions, avec lui et en lui, des fils adoptifs, et c’est l’Esprit qui a le pouvoir de réaliser cette
nouvelle naissance.
Et il ajoute : “Poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant « Abba ». C’est donc l’Esprit lui-même qui atteste à notre Esprit que nous sommes enfants de Dieu.” (Rom. 8,15-16)
Naturellement, on peut être chrétien en étant inconscient de ce que l’Esprit réalise en nous : en ayant une vie spirituelle presque nulle. On peut rester indifférent à la tendresse paternelle de Dieu à notre égard, et à l’action de l’Esprit qui nous a fait
naître à la vie filiale.
Mais si Dieu nous parle, c’est qu’il nous traite comme des personnes, non pas comme des serviteurs, mais comme des enfants : comme des héritiers qui savent à quel héritage ils sont destinés.
Et parce que nous sommes des personnes responsables, Dieu nous dit les conditions de cette vie de l’Esprit en nous : “Nous ne devons pas vivre sous l’emprise de la chair (c’est-à-dire : du péché), car si vous vivez sous l’emprise du péché, vous mourrez.”
(Rom. 8,12-13) Vous vous détruirez vous-mêmes.
On ne peut pas vivre de cette vie filiale n’importe comment !
“Mais si, par l’Esprit vous tuez les désordres de l’homme pécheur, vous vivrez.” (Rom. 8,13)
Le péché est la seule chose qui puisse détruire cette condition de fils adoptifs pour laquelle Dieu nous a créés.
L’œuvre de l’Esprit est double : il nous libère de l’emprise du péché et il nous rend la filiation adoptive perdue par le premier péché.
Il accomplit ainsi le projet de Dieu de nous faire entrer dans la communion des personnes divines.
JCP
“C’est un Esprit qui fait de vous des fils.” (Rom. 8,15)
Dominicales n° 577 - 23 mai 2010 - Fête de la Pentecôte (année C)
“C’est un Esprit qui fait de vous des fils.” (Rom. 8,15)