“Si le grain de blé ne meurt pas, il reste seul” (Jn 12,24)
Dominicales n° 530 - 29 mars 2009 - 5e dimanche de Carême (année B)
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“Si le grain de blé ne meurt pas, il reste seul” (Jn 12,24)

“En vérité, en vérité, je vous le dis : Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit.”
Nous savons bien qu’un grain de blé tombé en terre ne meurt pas vraiment : il germe et se transforme… mais l’image de l’ “enterrement” du grain de blé est très suggestive.
On peut imaginer l’histoire du petit grain de blé racontée aux enfants :
Le petit grain de blé était bien au chaud, avec tous ses copains grains de blé ; il était bien au sec dans un grenier, et un jour d’hiver on lui dit : “Maintenant, on va te sortir du grenier, et on va te jeter en terre. Tu seras tout seul sous la terre, sans
tes copains, tu seras dans le froid et l’humidité, et au printemps, tu seras méconnaissable… mais à la place il y aura une belle plante, avec des feuilles, des tiges et des épis portant une multitude de grains de blé !”
Si le grain de blé répond : “Non… non… pitié… je ne veux pas mourir”, il aura tout raté : il sera juste bon à faire de la farine !
S’il dit : “D’accord, je veux bien donner ma vie”, il sera démultiplié : il deviendra des épis et des grains en quantité.
Dans cette parabole, Jésus est le grain de blé : il est prêt à donner sa vie pour que les péchés des hommes soient pardonnés, et qu’ils parviennent à la vie éternelle.
Mais, le grain de blé, c’est aussi chacun de nous : “le disciple n’est pas plus grand que son maître” : il doit marcher à sa suite. On ne peut pas être disciple du Christ sans rien donner et sans renoncer à rien.
Il faut évidemment renoncer au mal… dans un monde qui a d’autres idées sur ce qui est bien ou mal et qui ne supporte pas que l’Église (et l’Évangile) condamne quoi que ce soit.
Il faut également donner : ou bien donner de l’amour, ou bien donner par amour… ce qui est la source des plus grands bonheurs, mais peut aussi conduire au don de soi.
On ne peut pas se contenter d’aimer lorsque l’amour est un bonheur, et refuser d’aimer quand l’amour devient un don de soi : un tel amour serait illusoire sur toute la ligne.
Ceux qui ont des enfants le savent ; et les couples dont l’amour a duré et grandi tout au long d’une vie le savent également : leur amour a été, à la fois, bonheur et don de soi.
“Celui qui aime sa vie la perd, celui qui se détache de sa vie en ce monde la garde pour la vie éternelle.” (Jn 12,25)
Jésus ne demande pas de haïr la vie, mais de haïr le mal qui est principe de mort. Celui qui croit aimer la vie, alors qu’il fait le mal, détruit ce qui est, en lui, capacité de vie éternelle.
Dans le Nouveau Testament, on a parfois traduit le mot “Métanoia” (conversion) par le mot “pénitence”.
Il est vrai que toute conversion est difficile, et, en ce sens, est une pénitence. Mais la conversion est d’abord un acte d’amour.
Ce qui plaît à Dieu, ce n’est pas la souffrance des hommes ! La vraie conversion, c’est d’abord de pratiquer les Commandements, d’aimer son prochain et d’aimer Dieu, quel qu’en soit le prix.
Et celui qui est prêt à sacrifier tout ce qui fait obstacle à une telle conversion : qui est prêt à mourir comme le grain de blé, devient capable de porter des fruits de toutes sortes… pour la vie éternelle, mais pas seulement !
JCP