Nous croyons dans le Père, le Fils et le Saint Esprit… et on peut supposer que beaucoup d’entre nous donneraient leur vie plutôt que renier ce qui est l’essentiel de leur foi.
Mais on peut se poser la question : “Quelle est la place du Père, dans ma vie de prière, et dans ma vie tout court ?”
Le Fils unique ne s’est pas fait homme uniquement pour nous révéler sa condition de Fils… mais pour la partager avec nous et pour nous faire partager sa relation au Père.
Quelle image avons nous du Père ?
Il va de soi qu’il faut se méfier de toutes les représentations.
Même les plus belles icones de la Trinité sont inappropriées, et elles sont de peu de secours pour inspirer notre prière filiale.
Alors, comment nous représenter le Père ?
Comme celui qui est l’Origine et la Source de toute réalité : comme l’être infini qui ne dépend de rien… qui est sans origine et de qui tout vient.
Nous croyons que le Fils est Dieu et que l’Esprit est Dieu, mais nous croyons aussi que tout vient du Père.
Même le Fils et l’Esprit Saint viennent de lui. On dit qu’ils “procèdent” du Père : ils viennent de lui !
Le Fils est égal au Père du fait qu’il est de même nature que le Père, mais il y a bien des façons d’être égal !
Être l’égal de quelqu’un à qui on ne doit rien et qui ne nous doit rien, ce n’est pas du tout la même chose qu’être l’égal de celui dont on a tout reçu… et c’est ainsi que le Fils est égal au Père.
Si le Fils lui-même dépend du Père en tout ce qu’il est et en tout ce qu’il a, c’est encore plus vrai de nous, qui sommes des créatures.
Les premiers chrétiens étaient vivement conscients de cette primauté du Père.
Quand on prend conscience de cette immensité du Père… quand on le voit tel un jaillissement éternel… le sentiment qui nous saisit est l’adoration. Dans l’Ancien Testament, le même mot exprime l’ “adoration” et la “crainte” de Dieu : il désigne une sorte de
terreur sacrée.
On aurait tort de croire trop vite que nous avons dépassé ces sentiments.
On ne les a pas dépassés si l’on n’a jamais fait l’expérience de l’être infini qui est la source de toute réalité. Avant de dépasser, il faut être passé par là !
Or le Fils unique nous révèle que cet être immense, Source unique de tout, est aussi notre Père !
Il nous révèle ce dont personne ne pouvait avoir eu connaissance : les sentiments du Père.
Dieu nous aime avec la bienveillance d’un Père pour son fils ou sa fille : il pardonne au premier geste de repentance, c’est-à-dire dès l’instant que nous devenons pardonnables.
La seule chose qu’il attend de nous, c’est que nous répondions à l’amour intense qu’il porte à chacun… c’est pour cela qu’il nous a donné son Fils… c’est pour cela qu’il nous a parlé… et c’est son premier commandement.
Il va de soi que le Père aime tous les hommes, même ceux qui ne savent rien de lui ni de son amour… mais s’il nous donné son Évangile, c’est pour nous révéler sa tendresse et nous permettre d’y répondre, de sorte que cet amour devienne réciproque.
JCP