“Heureux vous les pauvres, le Royaume de Dieu est à vous.” (Lc 6,20)
Dominicales n° 565 - 14 février 2010 - 6e du temps ordinaire (Année C)
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“Heureux vous les pauvres, le Royaume de Dieu est à vous.” (Lc 6,20)

Saint Matthieu précise : “Bienheureux ceux qui ont un cœur de pauvre.”
Si le texte de saint Luc est plus abrupt, c’est parce qu’il veut nous sortir de notre torpeur. Dans une vie où la richesse matérielle est le principal centre d’intérêt, la vraie richesse n’a plus de place, et le trésor de gloire que Dieu veut nous offrir
risque de ne pas nous intéresser.
On peut se poser la question : Qu’est-ce qui me fait courir… qu’est-ce qui me motive… qu’est-ce qui m’empêche de dormir ?
Est-ce la possession du Royaume de Dieu ?
Quels sont les sujets qui me passionnent : ceux dont je ne cesse pas de parler, au risque de lasser mon entourage ?
Jésus disait : “Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.”
Un test révélateur est la morale que nous faisons à nos enfants.
La “morale” : ce sont les choses à faire, que nous jugeons prioritaires !
Tout le monde fait la morale… mais pas la même morale !
Certains parents transmettent exclusivement une morale du travail !
On dit aux enfants qu’il faut travailler, et c’est vrai… mais pourquoi ?
Pour avoir une bonne situation… mais pourquoi ? Pour l’argent ?
C’est vrai qu’il faut travailler, parce qu’on a beaucoup reçu de la société, et qu’on devra pouvoir donner autant ou plus !
Mais si on fait une morale où l’on veut tout apprendre à nos enfants, sauf leur apprendre à aimer, à servir et à partager, quelle tristesse ! On risque de les orienter vers un échec total, en ce qui concerne l’essentiel, qui est leur destinée éternelle.
Il est important de travailler, et il est utile d’avoir une bonne situation, et les parents ont raison d’en parler, mais il y a, dans une vie humaine, d’autres choses bien plus importantes dont certains parents ne parlent jamais. Rien n’est plus révélateur !
La morale qu’on transmet, c’est celle dont on vit : “Là où est ton trésor, là sera ton cœur.” (Mt. 6,21)
La dernière Béatitude est la plus développée :
“Bienheureux êtes-vous quand les hommes vous considèrent comme méprisables à cause du Fils de l’homme … soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel.” (Luc 6,22-23)
Il est impossible de mettre en pratique la Parole de Dieu sans un certain courage et une certaine indépendance par rapport à l’opinion des hommes. Un monde qui a des valeurs si éloignées de l’Évangile ne saurait être constamment en admiration lorsque nous
agissons en disciples du Christ.
Le gens mariés qui refusent de sacrifier leur vie familiale à leur vie professionnelle, les fiancés qui refusent de cohabiter, les financiers qui refusent de frauder, les puissants qui refusent de se laisser corrompre. Tous ces gens là dérangent, comme Jésus
dérangeait.
Il ne s’agit pas d’être un provocateur ni de rechercher les tensions ou la réprobation. Mais si elles se présentent, il faut être capable de les assumer sans inquiétude… et mieux encore : “Soyez heureux et sautez de joie ! ” Ce que François d’Assise appelait
“la joie parfaite.”
JCP