« Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. » (Luc 18,13)
Dominicales n° 591 - 24 octobre 2010 - 30e dimanche du temps ordinaire (Année C)
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« Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. » (Luc 18,13)

Qui étaient les pharisiens, et qui étaient les publicains ?
Les publicains étaient des Juifs chargés par les Romains de collecter les impôts pour l’empire : ils étaient considérés comme des collaborateurs et des traîtres à leur nation, d’autant qu’ils pouvaient percevoir plus que l’impôt et garder la différence ! On
imagine les abus que cela entraînait.
Les pharisiens étaient des spécialistes de la Bible, et ils avaient beaucoup de bons côtés : le sens de la prière et de la grandeur de Dieu, et une grande droiture morale. Il étaient aussi très rigoristes : observant une multitude d’obligations ou d’interdits
qui venaient de la Bible, ou qu’ils avaient ajoutés à la Bible.
Jésus était-il rigoriste ?
La Loi de Moïse condamnait l’adultère… Jésus va plus loin : il demande d’être pur jusque dans ses désirs et ses regards.
La Loi demandait de rendre simplement œil pour œil… Jésus demande d’aimer ses ennemis.
La Loi interdisait de tuer… lui, demande d’éviter toute parole blessante.
Et il ajoute : «Si votre justice (votre sainteté) ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.» (Mt 5,20)
Jésus est-il plus rigoriste que les pharisiens ?
Oui, en ce sens que ses exigences sont plus fondamentales : elles ne portent pas sur des choses matérielles ou extérieures à faire ou ne pas faire : comme le fait de ne pas travailler le Sabbat, de ne pas manger de porc, ou d’observer des rites compliqués pour
purifier la vaisselle.
Il a des exigences qui vont si loin que tout homme qui les accepte est obligé de se remettre en cause et de se reconnaître pécheur.
Quand des exigences sont extérieures, on peut trouver un groupe de gens qui les observent et se distinguent des autres, et qui se prennent pour une élite : « Seigneur je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes… ou comme ce publicain… je
jeûne deux fois par semaine, je verse la dîme. » (Lc 18,12-12)
Mais quand on a compris que le critère qui détermine la valeur d’une existence, c’est d’abord l’amour, on ne peut plus se prendre pour une élite et mépriser les autres. Et de toute façon, si on les aime, on ne peut pas les mépriser.
On voit aussi que le pharisien rend grâce de “n’être pas voleur ni injuste ni adultère”… ce qui est bien : l’Évangile a les mêmes exigences.
Avec cette différence qu’un disciple de Jésus ne peut pas se croire sans péché… il ne peut pas mépriser les pécheurs.
Jésus fréquentait n’importe qui : il allait jusqu’à prendre ses repas avec des publicains. Les pharisiens sont étonnés : ils n’auraient jamais accepté une telle invitation. Ils estimaient que tout contact avec un pécheur rendait impur.
Quand Jésus fréquente les publicains, cela veut-il dire qu’il est indifférent à leurs péchés : que pris dans l’ambiance du repas, il a la faiblesse de faire comme si tout cela était sans importance ?
Pas du tout ! Il les appelle à la conversion, et certains se convertissent : on connaît l’histoire de Zachée !
En fait Jésus adresse le même message aux publicains corrompus et collaborateurs et aux pharisiens pratiquants et rigoristes : il ne fait pas vraiment de différence entre eux … et c’est là le scandale !
Aux uns et aux autres il demande de voir clair au fond d’eux-mêmes et de reconnaître leur difficulté à aimer vraiment.
Certains considèrent qu’un tel message ne les concerne pas, et c’est là le vrai drame : ils ne voient pas en quoi ils auraient à être pardonnés, et, de ce fait, ils se coupent du pardon de Dieu.
JCP