« Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » (Deut. 24). Il peut paraître surprenant qu’une telle loi ait pu faire partie de la Parole de Dieu ! Mais, avant l’Évangile, il y a eu un progrès de la révélation, et cette
loi est un progrès par rapport à la situation de la femme dans le monde ancien.
On sait qu’à Babylone, à l’époque de l’Ancien Testament, un homme pouvait prendre une femme plus jeune et garder la première comme domestique ou comme esclave.
La Bible a constitué un progrès. Celui qui ne gardait pas sa femme n’était pas libre d’en faire une esclave : il devait la libérer pour qu’elle soit la femme d’un autre.
Mais l’Ancien Testament n’en est pas resté là : on voit un autre progrès dans le livre de Malachie : « Yahvé a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse, que toi tu as trahie, alors qu’elle était ta compagne et la femme de ton alliance … qu’on ne
trahisse pas la femme de sa jeunesse, car je hais la répudiation, dit Yahvé le Dieu d’Israël. » (Mal. 2,14-16)
Il y a aussi le livre de la Genèse que Jésus cite aux docteurs de la Loi : lui aussi constitue un progrès par rapport au Deutéronome : « L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront qu’une seule chair. » (Gen. 2,24).
Jésus cite ces paroles et les prolonge en disant : « Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » (Mc 10,9)
Le récit de la création n’est pas le récit le plus ancien de la Bible, mais c’est le récit qui veut nous dire ce qui est à l’origine de l’univers. Faire le récit des origines, c’est dire ce qui est dans la nature des choses : dans le langage de la Bible, ce
qui est originel, c’est ce qui est naturel. En énonçant cette loi de l’unité des époux, Jésus veut dire que c’est celle que les hommes auraient dû observer depuis l’origine.
Cette parole est une réponse aux scribes, partisans de la répudiation. L’unité que le Créateur a voulue à l’origine, il n’appartient pas à l’homme et à ses lois de la défaire. Aller à l’encontre de ce projet divin, c’est agir contre la nature humaine. Jésus
révèle que celui qui divorce et se remarie commet une faute grave : il va à l’encontre du projet de Dieu et de la nature qu’il a créée.
Quand un homme et une femme s’unissent, Dieu a voulu indissoluble cette union : le Créateur les a faits pour une telle union. Quand ils s’unissent pour la vie, ils se conforment à la “nature” voulue et faite par le Créateur. Ce qui laisse entendre qu’une telle
union, pour être conforme à la nature du mariage, doit être voulue indissoluble. L’intention des époux d’être fidèles, et leur fidélité effective, est une mise en œuvre d’un projet du Créateur de la nature. Chacun des époux doit pouvoir être sûr de la fidélité
de son conjoint.
Mais quand Jésus parle de « ce que Dieu a uni » il veut parler aussi de la grâce du mariage. Il existe, en dehors du mariage, des unions de toutes sortes : aucune d’elles ne constitue une intervention divine qui la rendrait indissoluble.
Dieu donne les grâces nécessaires à l’unité du couple. L’amour, qui est le don de l’Esprit Saint par excellence, est le principe de cette unité, et c’est aussi le fruit de cette unité. Quant aux enfants, on sait qu’ils ont besoin de parents qui forment un
couple uni. Le mariage confère la mission de donner vie et éducation à des enfants, et, de ce fait, les dons de l’Esprit nécessaires à une telle mission.
Quand on dit que la grâce du mariage est « la grâce de l’unité », on veut dire que c’est l’ensemble des charismes nécessaires à l’unité du couple et à l’éducation des enfants. Chacun reste libre de mettre en œuvre les dons de l’Esprit Saint. Dieu ne détruit
jamais la liberté : c’est lui qui a fait de nous des êtres libres; mais pour celui qui met en œuvre ces dons de l’Esprit, le mariage est le moyen de se sanctifier.
JCP
« Tous deux ne feront qu’une seule chair. » (Genèse 2,24)
Dominicales n° 668 - 7 octobre 2012 - 27e dimanche du temps ordinaire (Année B)
« Tous deux ne feront qu’une seule chair. » (Genèse 2,24)