Il s’est fait proche
Dominicales n° 533 - 26 avril 2009 - 3e dimanche de Pâques (année B)
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Il s’est fait proche

On rencontre des chrétiens qui croient dur comme fer à la résurrection du Christ, mais si vous leur demandez ce qu’est leur relation personnelle avec lui, ils ne sauront que dire ; et pourtant, sans une telle relation, la foi en la résurrection n’a pas
vraiment de sens.
Il ont le sentiment que, par sa résurrection, le Christ appartient à un autre univers… mais ce n’est pas le message des Évangiles.
Cette histoire se passe, il y a presque quarante ans, dans un H.L.M. à Troyes en Champagne : une maman disait qu’elle ne savait pas faire le catéchisme, mais elle prêtait sa salle à manger, et une catéchiste venait chez elle et animait la rencontre pour sa
fille et les enfants du voisinage.
C’était un groupe d’enfants de neuf ans qui préparaient leur première communion, mais il y avait aussi, dans la famille, une petite sœur de cinq ans, particulièrement éveillée : on l’avait autorisée à assister aux réunions à condition de ne pas faire de bruit
et de ne pas parler sans demander la permission ! Elle était très sage, installée sur un coin de la table où elle faisait des dessins, et elle écoutait.
Un jour on parlait de la prière : les enfants se demandaient comment on peut parler à Jésus, qu’on ne voit pas, et qui a vécu il y a si longtemps. Comment on peut-on être sûr de sa présence ?
Les huit enfants, autour de la table étant embarrassés par cette question et ne sachant que dire, la petite sœur de cinq ans a demandé la permission de parler, et elle a dit : “On sait qu’il est là, puisqu’il est ressuscité.”
Que voulait dire cette réponse ? Sans aucun doute, que la petite fille, tout en dessinant, écoutait les questions et réfléchissait.
Faut-il également considérer que sa réponse était un peu naïve ?
C’est ce que j’ai cru pendant longtemps, me disant que le Christ est une personne divine, et que, même s’il n’était pas ressuscité, il serait présent, dans la mesure où Dieu est toujours présent.
Ou bien, faut-il admettre, au contraire, que sa réponse était très profonde, et se demander si cette enfant n’avait pas exprimé un aspect essentiel de la résurrection du Christ : le fait que par sa résurrection, il est présent dans sa divinité et son humanité…
par sa résurrection, il est plus proche que jamais de ses disciples … Message qui a pu nous échapper, et qui paraissait évident à cette enfant !
Faut-il supposer qu’une enfant de cinq ans avait pu comprendre cet aspect fondamental de la résurrection du Christ ?
On ne peut pas en être certain, mais elle a répondu, comme si cela allait de soi : “On sait qu’il est là, puisqu’il est ressuscité.”
C’est, en tout cas, une invitation à nous interroger sur ce qu’implique notre foi dans la résurrection. Est-ce une simple croyance, que nous avons mise entre parenthèses, dans un coin de notre esprit… sinon une vérité plutôt embarrassante à laquelle nous
évitons de trop penser ?
Ou bien, est-ce une foi vivante, par laquelle notre existence quotidienne est remplie d’une présence ?
Comme les Apôtres, après sa mort sur la croix, nous pourrions penser que Jésus n’est plus de ce monde ! Mais ce que l’événement de la résurrection leur a révélé est très différent : ce qu’ils ont découvert, à partir du matin de Pâques, c’est une présence
continuelle.
Dans l’Évangile de Matthieu, le ressuscité leur révèle que sa présence sera désormais de tous les instants (Mt 28,20), et selon l’Évangile de Marc : “ils partirent prêcher partout, et le Seigneur travaillait avec eux.” (Mc 16,20)
C’est en comprenant cela qu’ils sont devenus des témoins agissant. Et c’est aussi parce qu’il travaille avec nous que nous pouvons, nous aussi, témoigner de lui.
JCP