“Rendez à César ce qui revient à César, et à Dieu ce qui revient à Dieu.” (Mt 22,21)
Dominicales n° 398 - 16 octobre 2005 - 29ème dimanche du temps ordinaire (année A)
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“Rendez à César ce qui revient à César, et à Dieu ce qui revient à Dieu.” (Mt 22,21)

Les personnages de cette histoire veulent pousser Jésus à se compromettre politiquement… non pas qu’il ait peur de se compromettre… il se compromettra jusqu’à risquer et donner sa vie.
Si Jésus avait jugé bon de se compromettre en collaborant avec les occupants romains (comme le faisaient les partisans d’Hérode)… ou de se compromettre avec les nationalistes révolutionnaires du parti zélote (la branche armée du parti pharisien il l’aurait
fait !
On lui demande s’il faut payer l’impôt à l’occupant… Jésus a bien vu le piège… s’il dit de payer, il se déconsidère aux yeux des juifs pieux qui sont des indépendantistes… s’il dit de ne pas payer, on le dénonce aux occupants.
Jésus ne cache pas son jeu… il ne cherche pas à être plus rusé que ceux qui lui tendent un piège… s’il avait jugé que, par fidélité à son évangile, il devait prendre parti pour les uns ou les autres, il l’aurait fait.

Les différents partis religieux en Israël étaient très politisés… la religion de l’Ancien Testament était celle d’un état… et elle reste aujourd’hui la religion d’un Peuple ou d’une race.
Eh bien c’est cela que Jésus, il y a 2000 ans, remettait en cause… évidemment : au péril de sa vie !

Ceux qui viennent l’interroger se doutent de quelque chose… ils devinent que le message de Jésus est un refus de leurs privilèges… que son message est pour toutes les races sans distinction… et cette nouveauté absolue de l’Evangile leur fait peur à tel point
que, ce jour-là, les pharisiens ultra-religieux se sont mis d’accord avec les partisans d’Hérode (qui sont des collaborateurs des romains) pour faire parler Jésus.
Ce qui veut dire que ce jour-là, Jésus a réussi à se mettre à dos les deux partis opposés… et que des gens qui se détestaient ont réussi à s’entendre pour le compromettre.

Jésus n’a pas cherché à être le plus malin en refusant de prendre position.
Loin de là ! On peut même dire qu’il signe son arrêt de mort… puisqu’il n’hésite pas à déplaire aux uns comme aux autres.
Il dit aux uns et aux autres que “rendre à César ce qui revient à César”… ne doit pas les empêcher de” rendre à Dieu ce qui est à Dieu.”
Il fait remarquer aux pharisiens, dont les poches sont pleines de fa monnaie de César, qu’ ils appartiennent à l’ empire et en profitent !
Et aux hérodiens il rappelle que leur collaboration avec les romains n’est pas une excuse pour apostasier leur foi !
Résultat… ils sont tous furieux !

Si Jésus a pris un tel risque… il faut supposer que l’enjeu était extrêmement important.
La politique est certainement une grande chose… il faut que les sociétés soient gouvernées… et il est bon que les hommes aient une opinion sur ceux qui les gouvernent et qu’ils puissent l’exprimer.
Mais le message que Jésus nous donne ici, au risque de sa vie, c’est que l’Evangile n’est pas lié à une politique… et que nous, chrétiens, nous n’avons pas le droit de politiser le message du Christ.
Il n’existe pas de système politique qui soit, au regard de l’évangile, le système idéal.
Tous les chrétiens n’ont pas les mêmes options politiques. Ces différences sont légitimes, mais elles ne doivent pas diviser une communauté chrétienne. Notre fraternité dans la foi est infiniment plus importante que ces différences.

Le message de cet évangile, c’est aussi qu’il n’existe pas de réforme politique qui serait un préalable à l’évangélisation.
On peut souhaiter certaines réformes… et même y travailler de toutes ses forces… mais non pas remettre à plus tard l’annonce de l’Evangile.

On a connu dans un passé proche des idéologies poIitico-religieuses qui prétendaient qu’il fallait d’abord changer la société avant de pouvoir annoncer l’Evangile… et on a vu des gens qui auraient dû être des Apôtres, renoncer volontairement à leur mission… au
nom de leur foi !
Le message de Jésus, c’est qu’aucun type de société, aucun régime, aucun système, aucun degré de développement économique n’est incompatible avec le service de Dieu et la fidélité à l’Evangile.

JCP